Le Syndrome de Houellekholm
En 2011, Michel Houellebecq disparaît. Les médias s’affolent, les journalistes spéculent un enlèvement, mais Michel était simplement en train de se dorer le steak en Espagne.
Nicloux s’inspire de ce fait divers pour nous faire rencontrer un Houellebecq fatigué d'une existence de questionnements métaphysiques et las de la vie. Pas besoin d’épiloguer sur le scénario ou la photographie car on voit clairement que le réalisateur filme uniquement des dialogues. L’échange oppose l’écrivain à trois jacky fans de bodybuilding et de free-fight et les dialogues ressemblent à du Tarantino 2.0, le surréalisme et l’absurde en plus.
Le kidnapping prend assez rapidement des allures de syndrome de Stockholm cocasse où Houellebecq paraît totalement indifférent à son enlèvement, préférant sympathiser avec ses ravisseurs et les parents de l’un d’eux, Gigi et Dédé. Malgré un bagage culturel plus important chez Michel (notamment ce qu'il dit sur le passé de Pologne), il est évident que rien n'oppose Michel à la famille qui l’accueille. Chacun, autour de la table, a une opinion discutable et une passion défendable : le free-fight et le bodybuilding sont à ces polonais, ce que la poésie et le roman sont à Houellebecq.
Nicloux, dans diverses interviews, affirme révéler un Houellebecq neuf, intime – le vrai Michel Thomas [le vrai nom de l'écrivain] – loin de son image de connard cynique. Bah moi au final, j’ai trouvé que Houellebecq restait dans ce registre en continuant à chier sur tout le monde et c’est tant mieux. Il enchaîne les punchlines tel un Booba et n’hésite pas à gueuler comme un soûlard. Que ses considérations – souvent éclairantes – sur l’UE, Le Corbusier ou sur milieu littéraire, qui contrairement à l’imagerie populaire, "ne fait pas trop dans la coke, mais volontiers dans la pédophilie", reflètent la pensée de l'homme ou du comédien, je m’en contrefous, je veux juste écouter, parfois sourire mais surtout me délecter du cynisme, du constat froid que dresse Houellebecq de sa vie.
Pas un grand film donc mais plutôt un bon divertissement si vous êtes sensibles au cynisme de Houellebecq, et, si vous ne connaissez pas encore Michel, ce film peut être une excellente introduction à son univers dépressif.
Pour ce qui est du jeu d’acteur, j’attends impatiemment Near Death Experience parce que ici ça ressemble trop à du « Houellebecq en interview » pour juger, c’est-à-dire que soit il tire la tronche en remontant son muscle mentonnier soit il donne l’impression de s’en battre les couilles.