Le premier carton du film rend l’ensemble d’ores et déjà limpide. Le film sera niais (malgré une dureté psychologique et physique qui le camoufle un peu) et portera un constat manichéen d’une réalité historique très complexe. Le FLN est constitué de pauvres Algériens que les méchantes brigades françaises décimeront. Et le film par la suite s’applique à montrer dans son intégralité toutes les bavures, violences excessives et dérives de l’armée française. On assiste donc au massacre d’un village entier d’innocents qui, s’il est évidemment tragique et inexcusable, n’est arrivé qu’une seule fois durant cette guerre. Néanmoins ne réduisons pas ce film à cette simple division des partis, car le scénario multiplie les personnages et les enjeux ; un français chez les Fellagas, un tueur du FLN qui se revendique français, des algériens dans l’armée française… Le réalisateur insiste donc bien sur l’ambiguïté de ce conflit. Mais s’abstient de toute ambiguïté dans ses symboles, recyclant les éléments classiques d’un film de guerre (le nouveau bleu naïf et gentil face au dur soldat expérimenté et connaisseur) et les codes si classiques qu’ils en deviennent quais comiques (ralentis, lunettes noires…).
Si la mise en scène est originale, elle n’en est pour autant pas moins ratées, multipliant sans aucune pertinence et réalisme les effets stylistiques bidons (montage saccadé et excité qui fait rire, grand angle, caméras embarquées, fish-eye) et vite lassants et insupportables, qu’on aurait plus vu dans un film de Jan Kounen (qui trouvent dans les siens une totale justification), le tout nappé dans une bande originale digne d’un film noir des années 40, dans ses volutes de jazz nocturne… Quelques scènes parviennent tout de même à marquer, (des scènes de combat impressionnantes, fluides quoique toujours aussi faciles – ralentis, surdité suite à une explosion, jeune recrue décédée… -) le réalisateur insistant bien sur le côté apocalyptique de cette guerre (notamment dans une scène suite aux explosions de napalm) qu’il représente par de beaux plans aériens et austeadycam maîtrisés et planants.
C’est donc une alternance ratée entre surexcitation du montage et des effets et classicisme posé et stylisé à laquelle on assiste sans jamais pouvoir réussir à cerner le véritable objectif de cette mise en scène ; scénaristiquement il en va de même. Si les soldats ont un objectif précis (tuer le méchant Slimane), concrètement, le film semble accumulation et suite de missions, de scènes de combats et d’embuscades sans véritable utilité à laquelle un final raté et s’essayant soudain à l’émotion vient mettre fin de manière nulle et prévisible.