Sueurs Froides

La nouvelle d'Edgar Allan Poe, l'Enterrement Prématuré, a la particularité d'être plutôt abstraite puisqu'elle ne ne fait que « retranscrire » les pensées d'un homme ayant peur de se faire enterrer vivant. Cela donnait donc au cinéaste Roger Corman, en adaptant cette histoire, une certaine liberté quant à l'intrigue qu'il voulait mettre en place.

Consciemment ou non, il donne alors à son film des airs de remake de Vertigo, sauf qu'à la place d'avoir le vertige, notre héros souffre donc de la peur de se faire enterrer vivant (taphophobie), crainte qui sera exploitée par ses ennemis pour orchestrer une machination criminelle.

Si cette intrigue peut sembler sinistre aux premiers abords, elle est cependant traitée avec un certain humour, notamment grâce à son personnage principal, véritable malade imaginaire qui invente des procédés dignes des dessins-animés de Tex Avery pour éviter de mourir dans un cercueil. Par exemple, anticipant qu'il sera enterré dans son caveau familial, il installe dans celui-ci tout un mécanisme de trappes secrètes qui lui permettront de s'en échapper.

À travers cette approche oscillant entre horreur et comédie, Corman parvient mine de rien à saisir l'essence de la philosophie de Edgar Allan Poe, à savoir que les sources de la peur et du fantastique ne sont pas des choses tangibles ou réelles, mais au contraire de simples créations d'un esprit malade.