L'un s'appelle Hank, l'autre Johnny : des hommes ordinaires qui de jour comme de nuit, qu'il pleuve ou qu'il vente, sont exposés à des dangers extraordinaires, électrocution ou chute dans le vide, sur des lignes à haute tension.
Deux inséparables qui partagent la même vie dure, mais des hommes qui savent aussi faire la fête, aiment les femmes jusqu'à plus soif et unissent leur solitude entre copains dans les bars et les bastringues.
Longue, mince et regard intense, on décèle sur son visage aux pommettes hautes la mélancolie d'une femme qui bien que jeune encore a vécu et souffert sans vraiment aimer.
Fay, c'est Marlene Dietrich proche et lointaine à la fois dans ce personnage de chanteuse de cabaret qui sans l'avoir cherché va prendre dans ses filets l'homme déjà amoureux séduit par sa blondeur languide et lasse, cette distance élégante qu'elle met entre elle et lui, petit homme rond et sans grâce qui s'offre à la protéger et à la choyer.
Edward G Robinson est singulièrement poignant dans ce rôle d'époux épris comme un collégien de sa princesse au sourire énigmatique devenue en l'espace de quelques mois une femme au foyer qui à défaut d'amour va faire montre de toute sa reconnaissance à ce mari providentiel.
Amitié et Amour rythment une oeuvre sombre et désenchantée où la loyauté est pourtant de mise: honnêteté de Johnny qui se refuse à trahir son ami de toujours, sincérité de Fay qui ne veut pas se jouer des sentiments de Hank et préfère le départ à la tromperie.
Ce n'est sans doute pas un des chefs-d'oeuvre de Walsh mais le duo Robinson/Raft fonctionne à merveille et Marlene Dietrich incarne avec une grande classe cette entraîneuse fatale malgré elle.