Ce film avait fait les beaux jours de tous les cinémas d'art et d'essai (au moins en France) des années 70 et 80. En plus, c'était une une palme d'or à Cannes, ce qui n'est jamais rien (quand même !). Tout le monde (de cette époque) se souvient des fantastiques numéros d'acteurs de Gene Hackman et Al Pacino.
Et tout le monde (enfin certains en France) découvrait Schatzberg et ses peintures au vitriol de la société américaine, pas celle des pionniers, non plus celle de la publicité ou des séries TV mais celle des laissés pour compte, notamment d'une certaine jeunesse.
Dans ce film, deux paumés ont chacun un projet : l'un, après six ans passés en taule, veut monter à Pittsburgh une station de lavage de voitures. L'autre, après quelques galères, veut reprendre contact avec son ex-petite amie et l'enfant qu'il a eue avec elle avant de s'enfuir…
Je recommence : dans ce film, deux paumés ont chacun un projet auxquels ils croient dur comme fer mais Schatzberg se débrouille pour que le spectateur n'y croit pas une seconde.
Après un départ intéressant, la rencontre Gene Hackman et Al Pacino en train de faire de l'auto-stop et le début d'une amitié improbable, le film s'enlise dans des scènes limite burlesques et faussement romantiques. Bien sûr, chaque scène étant prise à part, on peut y trouver un intérêt, une esthétique. Mais un film ne peut pas être seulement une succession de numéros d'acteurs aussi sensationnels soient-ils. Il faut un montage, une direction, bref du sens et là, je crains que pendant une bonne partie du film, le scénario et la réalisation pédalent dans la choucroute.
Jusqu'à un gros quart d'heure avant la fin (je n'ai pas chronométré). Là, brutal coup d'arrêt, les illusions et le rêve d'Al Pacino s'effondrent. Terminé, son projet. Mais à quoi pouvait-il s'attendre ?
Là, enfin, le scénario prend du sens. Sauf qu'on arrive à la fin et que je reste sur ma faim.
Et pourtant, je me souviens d'avoir bien aimé ce film il y a plus de quarante ans. C'est bien par respect pour Schatzberg et les deux acteurs, très bons, qu'on va dire en conclusion que c'est moi qui ait sûrement vieilli…
Et puis comme j'aime bien certains numéros joués par Hackman et Pacino, promis, je ne descendrai pas en dessous de 5.