Le film est clairement scindé en deux parties. La première se joue intégralement dans une maison, la seconde autour de cette même maison. Deux ouvriers agricoles y partagent la même piaule et sont amoureux de la même fille, dont le père est un fermier récalcitrant. Situation qui provoquera la grande poursuite (chère au cinéma de Keaton) de la deuxième partie du film.
Auparavant c’est donc cette maison qui intéresse l’auteur : Ou comment inventer un nombre incalculable de mécanismes astucieux visant à économiser l’espace et l’utiliser sans se fatiguer, en hommage aux Machines de Rube Goldberg. Ici la baignoire se vide (pour offrir dehors une mare pour les canards) pour devenir un canapé, là un gramophone devient un fourneau. Point d’orgue jubilatoire de ce délire de magicien quand les deux types sont à table, utilisent et se transmettent des ustensiles et autres bouteilles suspendus à des ficelles au plafond. Huit premières minutes absolument géniales, parmi ce que Keaton aura fait de mieux.
La suite est plus attendue, forcément, si l’on connaît ses obsessions (Keaton se fait courser par un chien avant de se déguiser en épouvantail pour échapper autant à son rival bourru qu’au père grincheux) mais délivre de savoureux instants avant le mariage final qui lui non plus ne prend pas le temps de se poser.