Le titre anglais me plaît. Gauntlet est un mot étrange mais intéressant. Je me souviens que c'était une arme dans un jeu d'héroïc fantasy dont j'ai oublié le nom. J'aime bien Eastwood aussi. Sa période années 70 comportent pas mal de bons thrillers.
L'épreuve de force est presqu'un blockbuster : course pousuite en moto, hélicoptère qui explose, voiture qui s'écrase dans un fossé, maison canardée par des milliers de balles, bus blindé franchissant des centaines de flics armés jusqu'aux dents. Tant d'éléments spectaculaires. Pourtant c'est pas totalement un blockbuster à cause du ton assez sombre, mélancolique, et puis en plus tout n'explose pas systématiquement. N'empêche que les scènes sont sensationnelles.
Le scénario manque parfois de dynamisme et l'on pourra reprocher sans peine quelques grosses invraisemblances, mais c'est fait au profit de bonnes scènes. Oui la scène finale c'est du n'importe quoi, ça n'a pas de sens, ni même l'histoire tout court, la façon dont tout se goupille. Mais c'est du cinéma. Et puis ça marche pour en foutre plein les yeux. Et puis Eastwood n'oublie quand même pas ses personnages. Surtout le sien, sorte de rebus de l'humanité transformé en héros contre toute attente. Il est probable que McTierman se soit inspiré de ce film écrire les avantures de son MacClane.
La mise en scène est assez classe. J'avais mal lu sur la jaquette, croyant alors que le film n'était pas réalisé par Clint, mais dès les premières images, le doute m'a assailli. Après vérification je constate que, non, en fait, c'est bien du Clint. Musique Jazzy, cascades sobres, punchlines mémorables ("le prochain qui fait le malin je lui fous une pomme dans le cul"), des gueules de cinéma. Chez Eastwood, le spectaculaire ça reste toujours discret. Il ne filme pas pour faire le malin, il se contente de raconter son histoire du mieux qu'il peut en lui rendant le mieux service.
Bref, L'épreuve de force est un thriller assez étonnant, froid mais beau et gonflé d'idées, qui souffre d'un manque de dynamisme, de quelques incohérences ici et là, mais on s'en fout parce que tout est sobrement cool.