Se remettant de l'échec du "Bûcher des vanités", Brian De Palma revenait avec "L'esprit de Caïn" à un cinéma qui lui était plus proche, exercice de style gorgé de références (à Hitchcock forcément, notamment à "Psychose") et d'auto-citation où il explore une fois de plus les troubles de la schizophrénie. Le film fut accueilli froidement par la critique à l'époque et l'on peut aisément comprendre pourquoi. Se moquant complètement des invraisemblances qu'il bouche avec des astuces scénaristiques qui frôlent le ridicule (comme des rêves ou des hallucinations) et ne trouvant jamais complètement le bon angle pour aborder son sujet, "L'esprit de Caïn" est un thriller complètement bancal, invraisemblable et écrit sans grand souci d'une quelconque cohérence. Pourtant l’œuvre reste diablement attachante si on la prend (comme tous les films de De Palma) au second degré en s'amusant à voir les références et les moments de maestria du cinéaste qui jongle parfois avec le ridicule (avec ses ralentis, ses scènes de sexe et son coup de la perruque !) mais qui prouve sa virtuosité à de nombreuses reprises (un plan-séquence suffit pour qu'il rappelle sa maestria), parvenant à insuffler de la tension au sein d'un récit presque schizophrène (se veut-il mauvais volontairement ou souhaite-t-il vraiment être un bon thriller ?) où la prestation du glaçant et génial John Lithgow domine le tout en cabotinage savoureux.