Des opus de Brian DePalma, c'est l'un des moins aimés et estimés, pas forcément à tord. Dans L'esprit de Caïn, un savant fou inocule la schizophrénie (!) à des cobayes ; et notamment à son propre fils, dont nous assistons la dernière crise. En vérité, il s'agit d'un cas de personnalité multiple : cette confusion est à l'image de la dynamique foncièrement kitsch à l’œuvre dans L'esprit de Caïn.
Caricatural et même auto-parodique, ce nouvel hommage à Hitchcock (huit ans après le très conceptuel Body Double) use de procédés grandiloquents (voix-off avec léger écho pour signifier le monologue interne) et abonde dans le sens des visions oniriques, débouchant parfois sur des scènes proches du non-sens, amalgamant la narration et le délire de son schizo, John Lithgow (Trinité de Dexter). C'est du cinéma boursouflé avec plans séquences hypertrophiés et catastrophes s'avérant simples cauchemars sordides. Le film a un charme certain, renvoyant bien à son époque (le début des 90s). C'est aussi une démonstration de virtuosité, toutefois elle a quelque chose de poussif voir désuet. C'est beau mais jamais crédible, c'est (régulièrement) puissant mais ça esquive malgré soi l'émotion.
D'abord enthousiasmant, le film lasse, tout en étant ponctué de petits coups-d'éclats (la séquence avec les explications de la psychiatre, le twist – dernier plan pompé sur Ténèbres d'Argento). Malgré les performances formelles, le style est confus, d'ailleurs le principe du jumeau diabolique (désinhibé et conquérant, un peu son Pitt de Fight Club) échoue. Un DePalma mineur et caractéristique.
https://zogarok.wordpress.com/2015/04/04/seances-express-n27/