C'est vraiment bien, en fait.
On peut trouver beaucoup de points communs et de qualités similaires entre ce film-là et Twin Peaks de David Lynch, sorti la même année, dont les personnages respectifs, Carter et Leland Palmer, partagent les mêmes vices, les mêmes ambiguïtés, les mêmes pulsions tragiques mais aussi le même envoûtement des paysages, et la douce folie qui se dégage de ceux qui les peuplent. Et Brian de Palma semble s'amuser comme un petit fou, enchaînant les mouvements de caméra avec une virtuosité et une dextérité phénoménales et magistrales, et nous perd dans le labyrinthe tortueux, kafkaïen, absurde et improbable de son scénario. C'est un exercice de style plutôt fascinant, avec aux commandes sonores un joli travail de Donaggio, porté par un John Lithgow furieux et une ribambelle de seconds couteaux plaisants et très lynchéens. Il s'agit clairement d'un morceau baroque sous-estimé dans la filmographie de son cinéaste, où on retrouve ses mêmes obsessions (le sexe, le Cuirassé Potemkine...) et le talent de son auteur, mais il s'amuse aussi tellement qu'on passe tout de même à côté de la prestance qui manque pour faire de cette riche expérimentation un grand film.