John Lithgow joue un pédopsychiatre renommé, qui a laissé de côté son travail pour s'occuper de sa fille de manière obsessionnelle. Il va devoir faire face au comportement étrange de sa femme, laquelle le trompe avec un amour de jeunesse, ce qui va provoquer un conflit de personnalités qui vont jaillir de son corps...
Je ne sais pas si c'est à cause de la version diffusée en 1992 que le film a été autant ignoré mais j'ai découvert une oeuvre absolument formidable, entrant de plein pied dans les obsessions de De Palma, à la limite de l'auto-caricature.
L'excellente idée de départ est de faire de Lolita Davidovich l'héroïne principale, laissant à Lithgow un rôle de quasi-figurant, car on est littéralement dans sa tête, inquiète pour l'éducation compulsive de son compagnon vis-à-vis de sa fille et du retour de son amour de jeunesse, joué par Steven Bauer, qu'on avait vu dans Scarface. Ensuite, c'est à Lithgow, vraiment excellent, d'entrer vraiment en scène, et tout ceci dans une caméra subjective, chère à De Palma, et surtout à Hitchcock, auquel le film renvoie souvent des clins d'oeils.
Sans trop en dire, on découvre que cet homme souffre d'un complexe de personnalités, passant à la fois d'une personne timide à une grande gueule, d'où le Cain du titre, qui n'attend que ça pour se libérer. Il représente l'âme damnée du film, passant fréquemment d'une personnalité à l'autre, et surveillant sa femme, dans une scène circulaire sublime de maitrise, dont le traitement à la Rashomon nous permet de voir différents points de vue sur un drame adultère.
Ce qui explique pourquoi le montage du film est autant éclaté, surtout au début de l'histoire...


La maitrise de De Palma est ici entière, avec ce jeu sur le premier et le second plan, les ralentis, les plans rapprochés très brefs à la Carrie, la caméra subjective qui nous place en tant que voyeurs, et la présence d'acteurs qui ont déjà tourné avec lui, comme Gregg Henry.
Seul bémol, et de taille, c'est la laideur visuelle atroce du film, signée pourtant Stephen H. Burum (un habitué de De Palma), et qui donne l'impression de voir des clichés visuels sur les années 1980 alors que L'esprit de Cain date de 1992 !


Ceci mis à part, le film m'a vraiment captivé, y compris dans ses outrances, rappelant d'autres films de De Palma, notamment Pulsions, mais L'esprit de Cain est un film à voir !
Il est souvent occulté de l’œuvre du réalisateur, mais j'aimerais avoir le ressenti de ceux qui avaient vu la version cinéma en comparaison de ce director's cut.

Boubakar
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le 23 avr. 2017

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