En cette période post-soixantehuitarde, où la liberté sexuelle des femmes est une revendication toujours d'actualité, Jean-Pierre Mocky imagine une farce satirique et impertinente consécutive, a-t-on-dit, à une étude démontrant que les françaises sont délaissées par leurs maris.
Ainsi, dans le film, lustrant leur voiture ou jouant à la pétanque, les hommes se désintéressent de leurs moitiés, frustrées et neurasthéniques. Jusqu'au jour où un dénommé Chaminade (Bourvil), vétérinaire de son état et philanthrope, imagine un service sexuel pour dames digne d'être remboursé par la Sécurité Sociale.
Avec ironie, Mocky se défend de faire l'apologie de l'adultère: les ébats organisés par Chaminade sont comme des actes médicaux.
On retrouve dans "L'étalon" un schéma qui a fait le succès de Mocky tel que dans "La grande lessive" ou "Les compagnons de la marguerite": un novateur oeuvrant clandestinement contre certains archaismes ou abus, et aussitôt poursuivi par la réaction
( Francis Blanche en mari cocu et catholique, Michael Lonsdale en policier)
Si le sujet n'est pas sans faiblesses et complaisances, cette pantalonnade iconoclaste bénéficie des personnages et du style inimitables, spontanés et loufoques, de Mocky (celui de la grande époque) ne s'embarrassant ni de vraisemblance...ni de deuxième prise visiblement. Et ces situations frivoles qui, par le thème de la comédie, auraient pu devenir vulgaires sont saugrenues, primesautières, voire ingénues. Une fois encore, la fantaisie du cinéaste, avec ses approximations, est celle d'un trublion à la fois potache et rebelle.