Au début des années 1910, un professeur en botanique s'arrête dans un petit village qui semble reculé, loin de tout, où il apprend qu'il existe un lac nommé l'étang du démon ; si la cloche du village ne retentit pas trois par jour, des monstres pourraient sortir de l'eau et tuer les villageois. Dans le cas contraire, cet étang assure la prospérité. Sauf que les récoltes sont au plus mal à cause de la sècheresse...
En voyant ce film, il vaut mieux mettre de côté son esprit cartésien pour apprécier à sa juste valeur le spectacle, fait sans doute de mythes japonais, notamment les yokai, et qu'on voit que tout n'est pas si clair dans ce village. Il en résulte un film assez étrange, où on voit (tout comme La vengeance d'un acteur) un onnagata, un acteur qui joue un rôle (ici, deux) féminin, sans que ça ne prête à confusion et la présence de monstres. Mais ce qui frappe aussi, ce sont la présence d'effets spéciaux, avec des scènes parfois mal détourées, mais qui restent toujours aussi fortes grâce à des techniques plus ou moins artisanales, avec des doubles impressions ou de manière plus moderne des fonds bleus.
C'est aussi un film sur la croyance, celle de ce botaniste joué par Tsutomu Yamazaki, qui va rencontrer des personnages parfois atypiques, mais qui vont interroger son passé, notamment dans la rencontre d'un couple. Le tout est très beau, très bien filmé, sans doute un peu long, mais qui propose des moments assez forts, mêlant fantastique et horreur.
Masahiro Shinoda est un réalisateur assez intéressant car durant sa longue carrière, il a su voguer sur plusieurs genres, je retiens le formidable Fleur pâle. Là, avec L'étang du démon, il réalise un film assez curieux, mais dont il faut souligner la nécessité de lâcher-prise pour mieux l'apprécier.