Accusée d’infanticide, Melissa 48ans et mère de 14 enfants se retrouve malgré-elle dans le couloir de la mort. Ce qui s’avérait être une évidence va en réalité devenir tout autre au fur et à mesure que la réalisatrice franco-américaine lève le voile sur cette sordide affaire et l’injustice du système judiciaire américain.
Melissa Lucio avait tout du coupable idéal aux yeux des américains. Une immigrée, mère de famille nombreuse, pauvre et qui plus est, droguée ayant subi des abus sexuels dès l’âge de 7ans. Il n’en fallait pas plus pour condamner celle qui a été accusée de violences répétées ayant entraîné la mort de sa fille âgée de 2ans. Melissa deviendra ainsi la première femme hispanique condamnée à la peine de mort au Texas.
Condamnée en 2008 pour un crime commit en février 2007, depuis maintenant 10ans (le film a été tourné en 2018), elle purge sa peine dans les couloirs de la mort, en attendant que sa sentence tombe. Sauf que rien de tout ça n’aura dû avoir lieu. Entre son interrogatoire qui aura duré entre 6 & 7h avec des flics qui n’auront eu de cesse de la pousser aux aveux en passant par Armando Villalobos, le procureur du comté de Cameron qui, pour s’assurer sa réélection, était plus motivé à condamné à mort qu’à libérer une innocente
(on découvrira par la suite que ce dernier était ripoux et qu’il finira en taule)
. Bref, non seulement on assiste à ce qui s’apparente à une erreur judiciaire, mais même Peter Gilman, son avocat commis d’office ne reconnaîtra pas ses erreurs.
L'État du Texas contre Melissa (2020) est typiquement le genre de documentaire à vous ulcérer l’estomac quand on voit à quel point la justice peut être ingrate envers la classe populaire. Sans argent, vous héritez d’un avocat que vous ne connaissez pas et avec lequel vous n’aurez pas eu le loisir d’échanger avec lui. Le genre de personne à torcher l’affaire en un clin d’œil plutôt que de s’investir en interrogeant les proches ou en diligentant un détective privé pour faire la lumière sur les nombreuses zones d’ombre que recèlent le dossier.
Cette pauvre femme aura non seulement dû faire face à des flics ripoux, un procureur véreux ou encore un avocat je-m’en-foutiste. Elle n’aura vraiment pas été épargné par la vie, comme en atteste la suite de son histoire
(en 2019, la Cour d'appel des États-Unis a annulé la décision de justice du Texas jusqu’à ce qu’en 2021, une autre Cour d’appel annule la précédente décision. Résultat, tout repose désormais sur la Cour suprême des États-Unis, si d’ici là, sa date d’exécution n’est pas ordonnée).
Sabrina Van Tassel réalise ici un documentaire édifiant, sur une histoire tout aussi ahurissante. Un coupable idéal pris en tenaille dans les limbes de la justice américaine, son système judiciaire à deux vitesses et la corruption qui la gangrène.
► http://bit.ly/CinephileNostalGeek ★ http://twitter.com/B_Renger ◄