Western féministe

Nous sommes en 1861. La guerre de Sécession fait rage aux Etats-Unis. Une famille de colons français accompagné d'un mercenaire, Victor, décident de fuir le Missouri où ils vivent depuis 20 ans pour rejoindre New-York où ils doivent prendre le bateau pour la France.

L'état sauvage est un western français de David Perrault de 2020.
L' Amérique filmée par David Perrault est en mutation, elle se déchire. Coincée entre la guerre de sécession et les trafics en tout genre, les protagonistes de l'Etat sauvage sont sur le fil du rasoir. C'est dans ce contexte qu'une famille de colons (Le père, la mère, leurs trois filles ainsi qu'une domestique métisse, maitresse du mari) décide de traverser le pays pour rentrer en France.
Le chemin, sources d'aveux et de révélations, sera long et douloureux pour les protagonistes.

Romance trop sucrée

Il ne se passe pas grand chose dans l'état sauvage dont l'intrigue manque de souffle, alourdie par le "sucre" de la romance. La mère de famille est rongée par la jalousie, son mari la trompant avec la domestique métisse, adepte des rites vaudous. Des trois filles du couple, Perrault se focalise sur la plus jeune, Esther, interprétée par Alice Isaaz. Convaincante notamment dans Mademoiselle de Jonquières, Alice Isaaz parait presque extérieure à l'histoire, toute enamourée qu'elle est du patibulaire et balafré Victor, un mercenaire sans scrupules au lourd passé. Victor a d'ailleurs conclu dans le sang une transaction où il en fut réduit à tirer sur sa partenaire en affaires comme à la ville, Bettie, sorte de Calamity Jane à la gâchette facile.
Un souci de taille se pose cependant pour nos migrants vers la vieille Europe: ils vont retrouver sur leur chemin Bettie, qui veut régler ses comptes avec Victor. Bettie est accompagnée de 5 acolytes masqués comme des membres du Klu Klux Klan qui ne retirent jamais le morceau de tissu qu'ils ont sur la tête...

Emancipation féminine

L'état sauvage est un western féministe. Il repose sur un script qui met en valeur avant et surtout l'émancipation des femmes. Bettie s'est imposée par la violence et comme un homme dans un monde d'hommes. Sans déflorer le scénario, les autres personnages féminins confrontés au danger vont surpasser et puiser dans leurs ressources pour venir à bout de l'adversité...mais pas forcément du scepticisme du spectateur.

Au final, si on ne peut nier l'originalité de l'Etat sauvage avec son approche psychologique et sentimentale, le film tourne souvent à vide.

Il est clair que le l'objectif majeur du réalisateur est de célébrer la résilience de ses héroines. C'est un peu maigre pour permettre à l'état sauvage d'avoir la moyenne.

*Les amateurs de western fiévreux et romantiques préféreront certainement revoir Duel au soleil.*

Casting: Esther (Alice Isaaz), Justine (Déborah François), Victor (Kevin Janssen) et Bettie (Kate Moran).
La bande originale de Sébastien Perrault est inspirée et les paysages sont magnifiques.

Ma note: 4/10