Ce film est tout simplement un chef-d’œuvre.
Un chef-d’œuvre qui nous porte vers un bonheur incroyable. On en ressort sur un nuage, bercé par une musique absolument magnifique, offerte par ce génie qu'est Joe Hisaichi.
Takeshi Kitano est un maître. En tant qu'acteur, il a un charisme écrasant et une prestance impressionnante. Il parvient à exprimer toutes les émotions d'un simple regard, pour lui les mots sont inutiles. Malgré son grave accident et la moitié de son visage qui est désormais une cicatrice, il a une aura et un pourvoir expressif incroyable. Il passe de Beat Takeshi faisant le pitre à Takeshi Kitano/Kikujiro, vieux yakuza bourru et blasé, mais recelant des trésors de tendresse et d'affection, qu'il parvient maladroitement à montrer parfois.
En tant que réalisateur, c'est un génie, qui place sa caméra toujours comme il faut, qui prend son temps pour montrer les choses, celles qui sont belles, drôles, émouvantes, cocasses, touchantes. Il nous raconte cette très belle histoire comme un livre d'images et on se laisse emporter avec délectation par cette œuvre magistrale et marquante.
Certes, ce genre d'histoire de l'enfant et la personne plus âgée a déjà été traitée ("Central do Brasil" par exemple), mais jamais avec autant de virtuosité, de poésie et de subtilité.
Difficile de rester insensible devant tant de tendresse et de mélancolie, ponctuées de joie et de facétie pour forger une amitié profonde qui marquera durablement nos deux personnages blessés.
J'avais adoré Jugatsu quelques mois plus tôt, sorti tardivement sur nos écrans en avril 1999.
J'avais aimé Sonatine, vu sur Canal + l'année d'avant, je crois en 1998 (Champions du Monde !!!).
Kikujiro m'a fait chavirer de bonheur un vendredi soir d' octobre 1999 (le 22 précisément). Je m'en souviendrai toute ma vie.
Mais pourquoi n'a t'il rien reçu à Cannes ?!?!
C'est là, pour moi, son meilleur film.
Merci Monsieur Kitano.