Masao, un petit garçon de neuf ans vit avec sa grand-mère. Son père est décédé et sa maman vit loin dans une autre ville. Son seul ami est parti avec sa famille pour les vacances d'été, alors, Masao se sent un peu seul.
Il va partir en quête de sa mère accompagné par un ancien Yakuza du nom de Kikujiro qui semble accumuler les défauts: joueur, grossier, menteur et j'en passe.
Tout au long de ce road movie/buddy movie décalé, des liens forts vont se créer entre l'ex yakuza bourru et le gamin; l'enfant grandira un peu alors que l'adulte pourra retomber en enfance pour se retrouver un peu dans ce voyage initiatique.
Tout au long de ce voyage, de ce récit d'apprentissage mutuel, ils rencontreront quelques personnages inquiétants, mais également des alliés: un couple sympathique les prenant en auto-stop, un gentil marchand ambulant et deux motards un peu idiots mais aux grands cœurs.
Vous vous souvenez de ces étés de votre enfance qui semblaient s'étirer si longtemps qu'ils vous paraissaient infinis? De ces deux mois de liberté et de joie qui vous donnaient l'impression à l'époque d'occuper la moitié de l'année? Vous vous en souvenez bien entendu, mais pas en continu; bien souvent il ne vous reste que quelques scènes éparses: des moments éclairés brièvement par notre projecteur géant dans le ciel avant que tout un pan de votre mémoire ne soit replongé dans le noir, au point parfois qu'on se demande si on ne l'a pas un peu rêvé, ce soleil éternel de nos vacances d'enfance.
Kitano décide justement de monter son film de manière épisodique avec parfois de grandes ellipses qui ne sont pas sans rappeler la manière dont notre mémoire fonctionne.
Kitano joue d'ailleurs avec ces nombreuses ellipses afin de provoquer des ruptures de ton créant souvent un décalage qu'il soit tragique ou comique.
Toute la structure du film parait vouloir ressembler à un de ces albums photo dans lequel sont archivés certains de nos souvenirs.
L'enfance est un drôle de truc quand on y réfléchi un peu: vous la passez en espérant qu'elle se finisse rapidement, puis vous cherchez tout le reste de votre vie a essayer secrètement de la retrouver.
La plupart des gens auront beau se donner un genre ou des airs sérieux, ils ne font souvent que prolonger leurs jeux d'enfants une fois adultes; qu'ils jouent au policier, au voleur, au milliardaire, au professeur, ou à n'importe quelle autre profession.
Takeshi Kitano l'a bien compris et fait de son film un récit d'apprentissage un peu particulier; un récit dans lequel un adulte va apprendre à redevenir enfant; un récit sans maître ni élève, juste avec des gens qui se rencontrent, jouent ensemble, et découvrent que les liens que l'ont construit ensemble sont parfois plus forts que ceux du sang.
Kikujiro no natsu est un film lumineux dans lequel Kitano troque ses flingues contre un sourire, où le cinéaste n’éclipse jamais les moments difficiles de la vie, mais insiste sur ce qui lui donne tout son sens: ces personnes qui acceptent de jouer, ne fut-ce qu'un temps, avec nous, et qui nous accompagneront à jamais comme des ombres projetées sur notre mémoire par la lumière d'un beau soleil d'été.