Chapitre final d’une trilogie entamée au début des années 90, Angelopoulos se pose la question que l’écrivain Samuel Beckett s’était posé avant lui : comment finir ? En rajoutant une précision qui va influencer la réponse finale : comment finir sa vie quand il nous reste seulement un jour à vivre ? C’est lorsque le temps dont nous disposons est limité que nous en faisons paradoxalement le meilleur usage et c’est ce que nous comprenons avec Alexandre qui voyage entre passé, présent et futur dans ce dernier jour qu’il a à vivre. S’il revisite ses souvenirs avec poésie, son désir présent de ramener ce petit garçon à la frontière lui assure une dernière bonne action qui aura un impact sur le futur. La photographie, qui oscille entre couleurs froides pour le présent et plus lumineuse pour les flashback, est éblouissante de sobriété. Les passages des lettre qui rythment cette Odyssée poétique sont emplis d’une sagesse qui émerveille les sens. Et quand vient enfin la réponse à la question « combien dure demain », on comprend qu’Alexandre est prêt et n’a plus peur de ce qu’il pourra trouver après la mort. L’Eternité et un jour est un magnifique testament d’un réalisateur qui est parti trop tôt mais qui a laissé derrière lui de nombreux chefs d’oeuvres et distinctions.
Extrait de notre critique sur notre blog Los Indiscretos : https://losindiscretos.org/francais/leternite-et-un-jour-1998-theodoros-angelopoulos/