L'Étrange cas Deborah Logan par François Lam

De gros warning s'allument lorsque l'on commence à se pencher sur L'Étrange cas Deborah Logan. Le nom du réalisateur d'abord, Adam Robitel, responsable du médiocre Escape Game. L'étiquette found footage ensuite, dont on sait qu'elle est souvent synonyme de paresseux navets, à quelques rares exceptions prêt. Enfin, pour couronner le tout, on parle ici d'un cas de "possession démoniaque", qui en appelle en général aux poncifs les plus éculés.

L'un des plus grands mérites de L'Étrange cas Deborah Logan est justement de parvenir à slalomer entre tous les pièges tendus par ces sous-genres, qu'il s'agisse des extraits de vidéos de surveillance, de l'inévitable exorcisme à deux francs six sous, ou des portes qui claquent. Malin, le scénario fait appel au quotidien qui dérange (la maladie, la vieillesse, comme a pu le faire plus récemment le très recommandable Abuela de Paco Plaza) pour mieux nous ancrer dans une réalité perturbante dans laquelle chacun peut se reconnaître. Avec un certain sens du tempo, Robitel parvient à faire de la maladie d'Alzheimer le personnage principal de son film : la perte de contrôle de Deborah, ses errances, les effets dévastateurs sur son entourage sont autant de vecteurs de peur malsaine.

Ce n'est que plus tard que L'Étrange cas Deborah Logan revient sur des rails plus convenus, quitte la sourde inquiétude du réel pour nous embarquer sur le terrain ultra-labouré de la "malédiction". Lorsque ce tournant scénaristique survient c'est évidemment une déception, mais il faut reconnaître une fois de plus aux scénaristes Gavin Heffernan et Adam Robitel un certain panache dans cette transition, sans doute passage obligé pour satisfaire la petite clique de leurs producteurs. De film d'épouvante pathologique, L'Étrange cas Deborah Logan passe alors avec une certaine fluidité à l'enquête morbide surnaturelle, réservant un vrai moment de terreur inoubliable dans un souterrain et un final glaçant.