The Boston Strangler est un film reprenant des faits réels qui se sont déroulés au début des années 60 aux environs de Boston. Un serial killer abuse et étrangle ses victimes femmes, et la population de Boston est en émoi. Rapidement, la terreur et la paranoïa s'installe dans le coeur des femmes de la ville, et la police, du fait de son impuissance à retrouver le tueur, se retrouve finalement aidée dans ses investigations par "The Strangler Bureau", bureau ad hoc dirigé par Bottomly, procureur général et éminent professeur de droit campé par Henry Fonda. Ce dernier, borné, refuse tout d'abord ce poste imposé par son patron, mais celui-ci finit par trouver les arguments pour le convaincre de tout faire afin d'arrêter le tueur en série et d'entériner ainsi la vague de meurtre qui terrorise la ville et les médias.
La réalisation de Fleischer, bien que parfois légèrement poussive, est vraiment excellente, rythmant tel un chef d'orchestre compétent l'action présentée à l'écran. L'immersion du spectateur est totale et la musique superbe, digne des films Hitchcockiens, y tient une grande part de responsabilité. Les effets de zoom, les split screens et autres jeux de caméras sont bien maitrisés et synchronisent parfaitement les nécessités scénaristiques et de mise en scène de l'action. Quant au scénario, il est bien ficelé, sans pour autant être extraordinaire d'originalité. A préciser tout de même que certaines libertés ont été prises par rapport au tueur présumé des meurtres, et notamment sa psychologie qui serait d'après d'autres sources aussi imaginaire que subjective par rapport à celle du véritable supposé Boston strangler dans la réalité. Mais franchement, on s'en fout. Si les histoires vraies adaptées au cinéma devaient toutes être fidèles dans leur ensemble aux faits réels, nous le saurions depuis longtemps, et nous serions alors spectateurs d'un documentaire plutôt que d'un film à proprement parler.
Henry Fonda, un de mes acteurs favoris, évolue tout en sobriété et en justesse dans son rôle. "Evolue" est justement un terme qui colle parfaitement avec le personnage, puisque l'on débute avec un homme coincé, sûr de lui, méthodique, léger et fervent défenseur de la théorie de la justice. Mais se retrouver confronté à tous ces meurtres va commencer à dessiner une nouvelle brèche en lui, créant de ce fait une facette de sa personnalité qui lui était encore étrangère. Du coup, Bottomly se surprend lui-même, et l'on peut en quelque sorte dire que ces événements lui auront permis de connaitre une facette sombre de sa personnalité qu'il ne soupçonnait pas jusqu'à présent. Comme quoi l'on peut se découvrir à n'importe quel âge... Une sorte de renaissance aussi douloureuse que vivifiante, si l'on peut dire. Les seconds rôles sont très convaincants ; je pense notamment aux inspecteurs de police et aux autres intervenants du scénario, qui ne dénotent pas de la qualité générale de The Boston Strangler.
L'étrangleur de Boston, justement, parlons-en. Incarné par un Tony Curtis impressionnant, lui dont nous avons connu, pauvres spectateurs, seulement les bottes durant la moitié du film, finit par se dévoiler progressivement. Je ne développerai pas plus avant ce personnage qui est, vous l'avez compris, le personnage central de ce film noir avec Fonda, pour éviter tout spoil et vous laisser ainsi savourer vous-mêmes sa prestation. Je ne peux toutefois me priver de mentionner sa performance incroyable lors des vingt dernières minutes, qui clôt ce long-métrage sur une séquence à vous couper le souffle. Littéralement.
Depuis Psycho et No Country For Old Men, je n'avais pas vu de film aussi bon centré (plus ou moins) sur un tueur. Ca faisait longtemps, et ça fait du bien ! Du coup, je ne vois pas comment quiconque pourrait ne pas apprécier de voir The Boston Strangler. Petite précision que j'ai oublié de mentionner plus tôt : le film présente également une critique bienvenue de la coopération des différentes formes du pouvoir exécutif en matière de droit pénal, démontrant que ces carences d'investigations conjointes et de partage d'informations, ainsi que la délocalisation parcellaire de ces données parfois primordiales, sont un frein incroyable de l'efficacité de la police et de la justice par la même occasion.