Construit en 3 parties, le film brille par la qualité de sa mise en scène.
Dans un premier temps on suit les découvertes macabres de la police et les arrestations ou interrogatoires de tous les pervers notoires. Au passage l'homophobie ambiante est égratignée, les délateurs mettant la police sur la piste d'homosexuels, comme si l'homosexualité était une déviance menant à l'extrême violence du meurtrier... Richard Fleischer y fait un usage habile et glaçant de l'écran splité.
Vient ensuite une courte phase où l'on ne découvre plus simplement les cadavres mais où l'on suit Albert DeSalvo dans ses pérégrinations perverses. On y subit des scènes déjà relativement insoutenables et remarquablement bien tournées. Le bruit d'un chiffon que l'on déchire n'aura plus jamais la même signification pour moi.
Vient enfin la confrontation entre Henry Fonda et Tony Curtis. Henry Fonda y est un parfait faire-valoir, son charisme et la puissance de son jeu lui permettent de se faire discret et d'ouvrir la voie à la remarquable interprétation de Tony Curtis. Loin des clichés actuels du serial killer manipulateur et d'une intelligence supérieure, Tony Curtis compose un rôle troublant de père de famille dépassé, malade, faible et finalement effrayé par ce qu'il découvre sur lui-même. La scène finale est d'une rare puissance avec un plan séquence glaçant, perturbant, fascinant, à l'image de son interprète.
L'ensemble constitue un film âpre, qui vous laisse un sale goût dans la bouche. Une histoire dégoûtante dans laquelle on voudrait voir un coupable payer et dans laquelle on ne voit finalement qu'un malade mental terrorisé, pitoyable mais dangereux.