Après s'être déjà plusieurs fois inspiré de chroniques judiciaires, notamment anglaise, à l'image du remarquable L'Étrangleur de Boston, Richard Fleischer tourne en 1971 L'Étrangleur de la place Rillington.
Il est ici question d'un tueur, John Christie , qui a sévi dans le Londres des années 1940 et début 1950 alors qu'il habitait place Rillington, allant jusqu'à provoquer la peine de mort pour un supposé innocent, ce qui contribua à relancer le débat, puis interdire cette pratique en Angleterre. Richard Fleischer propose un portrait dur et réaliste de ce tueur, faisant régulièrement froid dans le dos et parvient à créer une atmosphère adéquate, souvent bizarre, glaciale et angoissante.
Il met d'abord en place le contexte de l'oeuvre, tout en présentant les protagonistes, et peu à peu, il rend son film intriguant, notamment grâce au portrait psychologique qu'il fait de Christie, mais aussi à la façon dont il piège et dupe ses proies, ainsi que la naïveté de Timothy Evans. Il met bien en avant le côté maniaque, manipulateur et antipathique du tueur, et les confrontations avec les divers personnages sont toutes très bien traitées.
L'aspect réaliste de l'oeuvre est assez fort et privilégié par Fleischer, permettant à ce dernier de créer un climat glacial. Il se montre efficace et maîtrise parfaitement son sujet, mettant en place une intensité qui se fera de plus en plus forte ainsi que d'intéressantes réflexions, à l'image du plaidoyer contre la peine de mort. Il décrit aussi très bien la façon dont on pouvait vivre dans la peur lors de ces moments, et la fait parfaitement bien ressentir aux spectateurs. Devant la caméra, Richard Attenborough est parfait et effrayant de réalisme dans le rôle du tueur, alors que face à lui, le jeune John Hurt est parfait.
Richard Fleischer montre à nouveau tout son talent à travers cette adaptation d'un fait réel, où il parvient à créer une ambiance totalement glaciale, réaliste, crue et angoissante, avec des comédiens portant le récit sur leurs épaules.