Un portrait de femme tantôt intrigant, tantôt elliptique et au scénario à trous avec une Béart fatig

Il fait plaisir de revoir l’une des plus grandes actrices françaises faire son retour devant la caméra alors qu’elle avait pris ses distances avec le cinéma, comme malheureusement beaucoup de cette génération (Sophie Marceau, Isabelle Adjani, …). Et c’est tout à l’honneur de Ludovic Bergery de l’avoir fait sortir de sa retraite pour son premier film de cinéma. Dommage que « L’Étreinte » (drôle de titre quand on a vu le film puisqu’on ne voit pas de quelle étreinte il est fait allusion ici, ou plutôt laquelle en particulier) soit quelque peu décevant et que ces notes d’intention aboutissent à des promesses non tenues. C’est un beau portrait de femme au tournant de sa vie tout de même. Et de voir l’évolution d’une récente veuve qui va retrouver les bancs de l’université et réapprendre à découvrir son corps et sa sexualité a déjà été vu de nombreuses fois au cinéma (côté américain comme européen) mais le contexte étudiant de ce film et le retour de Béart lui donnent de l’intérêt à priori.


Malheureusement, les espoirs sont vite déçus et ce pour plusieurs raisons. Le scénario de Bergery manque de liant et surtout souffre de plusieurs approximations narratives dommageables et bien trop visibles pour être niées. Par exemple, le personnage de la sœur jouée par Eva Ionesco (troisième nom à apparaître au générique) a le droit à deux scènes et trois lignes de dialogue comme si on l’avait charcutée au montage ou qu’une partie du scénario avait été occultée dans la version finale. Ensuite, la relation amicale se liant entre le personnage principal de Margaux et celui de Vincent Dedienne, jeune étudient gay, est bien trop peu développée et n’apparaît pas crédible par manque de profondeur. D’un coup, sans plus d’explications, ils sont amis. C’est étrange et ces ellipses sur leurs rapports sont perturbantes, comme si, encore une fois il manquait des scènes. On peut ajouter que le passé, les désirs et les atermoiements de l’héroïne restent trop vagues pour permettre l’identification et la comprendre. Enfin, la réalisation n’est pas très racée et s’enlise dans une tristesse désagréable à l’œil. On peut donc parler d’une œuvre à trous, notamment pour les seconds rôles mal dégrossis.


Et même Emmanuelle Béart, pas forcément mauvaise, pâtit d’une direction d’acteurs un peu approximative. Elle semble errer dans le film comme un fantôme (même si la teneur du rôle peut en partie l’expliquer) mais on aurait aimé la retrouver plus flamboyante. Et les ravages de la chirurgie esthétique jouent sur ses expressions faciales et donc, conséquemment, sur son jeu… Dommage. Néanmoins, « L’Étreinte » n’est pas désagréable et contient de jolis moments notamment sexuels quand le personnage tente de renouer avec les plaisirs charnels. Et il y a quelques fulgurances comme la scène inattendue et très érotique de la piscine. On aime aussi le contexte de cette femme qui se retrouve avec des étudiants trente ans plus jeune qu’elle mais ce n’est pas toujours exploité au mieux. Ce n’est pas le drame intense ou l’autopsie psychologique chirurgicale d’une quinquagénaire qu’on pouvait attendre. Non, c’est même un peu terne et archétypal mais il y a de bonnes choses, scènes et dialogues qui permettent de ne pas trouver le film mauvais. Et peut-être que le réalisateur retravaillera son montage d’ici la sortie…


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JorikVesperhaven
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Créée

le 18 nov. 2020

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Rémy Fiers

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