Ces derniers temps, plus je regarde des films, moins on dirait que j’aime le cinéma. Depuis un peu plus d’un mois, les films que j’ai vu et n’ai pas aimés représentent une majorité écrasante. Peu importe le genre, l’époque, le réalisateur, la réputation de l’œuvre, …
Et hier, j’ai eu envie de publier sur facebook, au moins une fois par jour, une réplique de Robin Williams dont on peut tirer de l’inspiration. Simplement en relire certaines m’a rappelé le bonheur que m’insufflaient les films en question ; même si le message ne me touchait pas toujours personnellement, ces maximes pleins d’optimisme et la façon dont Williams les délivre au public a à chaque fois quelque chose d’enthousiasmant et touchant.
J’avais envie de retrouver cette sensation ; voir un film et se sentir mieux après l’avoir vu. Et donc voilà, à peu près deux mois après mon "marathon", je me remets à revoir du Robin Williams, avec L’éveil, un film que j’avais écarté après que des œuvres médiocres de la filmographie de l’acteur m’aient lassé d’en voir plus.
Williams incarne Malcolm Sayer, neurologue qui n’a aucune expérience de traitement des patients, et qui s’est jusque là uniquement consacré à la recherche. Il se retrouve malgré tout employé comme médecin dans un hôpital en sous-effectif, qui abrite des patients atteints de maladies chroniques, à défaut de savoir comment les guérir.
Mais bien que s’estimant peu doué en relations humaines, Sayer s’intéresse de plus près à ces patients dont ses collègues se désintéressent, probablement poussé par sa soif de savoir.
Les autres médecins rejettent même ses théories ; ça n’est pas sans rappeler Patch Adams, sorti quelques années plus tard (comme quoi ce film avait encore moins d’originalité que je ne le pensais), et bien que L’éveil soit plus sérieux, le je-m’en-foutisme des docteurs et des infirmières est un peu caricatural.
Sayer se penche sur des cas curieux, ce qui donne des scènes décalées, à la fois drôles et prenantes, car le héros suscite de la curiosité chez le spectateur en même temps qu’il s’intéresse aux malades.
La démarche est très certainement simplifiée, mais pendant un temps la façon dont le médecin essaye de décrypter les symptômes s’assimile à la résolution d’un puzzle.
Pour un groupe de patients qui souffrent tous de la même affliction, plongés dans un état de paralysie, Sayer trouve différentes manières de les faire réagir.
Il se tourne ensuite vers un traitement expérimental, qui provoque l’éveil de patients restés figés depuis des décennies.
Parmi eux, Leonard, joué par un De Niro dans un rôle à contre-emploi : celui d’un enfant qui se retrouve dans un corps adulte… un rôle dans lequel on aurait très aisément pu voir Robin Williams, mais bon, il ne peut jouer qu’un personnage à la fois…
De Niro s’en sort quand même plutôt bien, et arrive à être attendrissant, même si son sourire a quelque chose de légèrement inquiétant (est-ce par habitude de le voir jouer des méchants ?)
Si le film s’appelle L’éveil en VF, le titre original est Awakenings, au pluriel. Si on peut attribuer ces éveils à l’ensemble des patients, qui découvrent ce qu’ils ont raté pendant toutes ces années, le terme peut aussi s’appliquer à Malcolm Sayer, qui reprend vie à son tour grâce à ses patients, qui le font sortir de sa coquille, lui qui place son travail avant son propre bien-être. Ce n’est pas nouveau, mais c’est une jolie idée.
Les évènements finissent par prendre une mauvaise tournure que je regrettais un peu, mais le film est basé sur des faits réels, auxquels il fallait se tenir…
J’ai vraiment eu mal pour les personnages, et même si l’histoire ne se finit pas réellement bien, le scénario arrive quand même à en tirer une morale exaltante… livrée, évidemment, par le personnage de Robin Williams.
Il y a une constance dans nombreux de ses films, l’acteur jouait régulièrement l’homme-enfant et/ou le grand sage qui te sort des répliques qui font chaud au cœur. Et cette répétition du même motif n’est pas un défaut pour moi, ça a quelque chose de rassurant : je sais qu’en voyant tel film avec Robin Williams, je vais y trouver des paroles qui vont me remonter le moral.
Le comédien savait choisir ses scénarios.
J’ai l’impression de répéter ce que j’ai dit dans pratiquement chacune de mes critiques de ses films, mais bon sang, je me suis de nouveau rendu compte avec L’éveil, pour la énième fois, à quel point Robin Williams était un acteur extraordinaire.
Sûrement parce qu’il joue des rôles avec des nuances différentes à chaque fois.
Ici, il campe un médecin introverti et pas bien à l’aise, et fait passer cette idée avec des tics et une gestuelle subtils ; la première fois qu’il se fait crier dessus par un patient, il s’éloigne en se touchant nerveusement le visage, comme s’il ne savait pas où se mettre et que faire de ses mains. Pour penser à des détails pareils, il faut être un génie, et s’impliquer à fond pour rentrer dans la peau d’un personnage.
On retrouve pourtant une base commune à tous ses rôles, il y a ces intonations et ces mimiques qui rendent drôles, de manière tout aussi subtile, des répliques communes… quoiqu’avec Sayer, l’humour découle différemment du personnage : il n’essaye pas d’être drôle, il rend les situations comiques par ses maladresses.
La BO, délicate, et la réalisation, sont en adéquation avec le jeu des comédiens : il y a de très jolies idées de mise en scène, tout en finesse. Le subjectif quand Leonard s’approche ou s’éloigne de la sortie de l’hôpital, la comptine de sa mère par-dessus les scènes du quotidien qui présentent les progrès du patient, … Et une idée que j’ai trouvé brillante : Leonard qui croise une fillette qui monte les escaliers, quand lui les descend avec la même gaucherie ; c’est discret, mais ça souligne l’idée que le patient renaît, en quelque sorte.
Il y a bien quelques scènes un peu trop mielleuses, mais… ça fait du bien, un film comme ça.
Bon par contre je crois que j’ai vraiment épuisé tous les bons long-métrages de Robin Williams… je ne sais pas quoi faire.
Voir Popeye ?