L'exécutrice est un film assez gênant pour l'image qu'il fait de la police, sans que l'on soit dupé une minute par ce qu'il fait. En prenant comme protagoniste Brigitte Lahaie, qui passe son temps à enchaîner les conquêtes masculines, quand elle ne prend pas des bains dans son plus simple appareil ou ne se fait violer dans les parkings (avec cette hilarante scène avec le commis des poste qui réagit fermement et sans prise de tête), Michel Caputo (le génie qui nous a offert Blanche fesse et les sept mains) a pris soin de désamorcer le contenu politique de son film, à savoir la beauferie de la police, qui tire avant de faire les sommations en rigolant alors que le cadavre d'un macro noir encore chaud roule dans l'escalier. L'absence totale de considération humaine pour les criminels est d'office une banalité, les maltraitances sont assénées avec un tel degré de spontanéité qu'on ne peut pas y rester indifférent. C'est ce qui fait un peu la magie de l'Exécutrice, le film se permet tellement de choses grasses sur la Police qu'il en devient jubilatoire, on sait qu'un cas comme Théo y aurait mérité un second passage en cellule à l'écart des caméras. Brigitte Lahaie milite toutefois pour les droits des criminels mais bon, ses collègues ont déjà compris que l'agressivité était au bout du chemin, et ils ont pris donc le raccourci. Tabassant à coup de talon un gang nanar d'arracheurs de sac à main déguisés en punks des années 80, harcelant une riche lesbienne impliquée dans des réseaux de prostitution (avec un acheteur qui imite le parrain avec un tel acharnement qu'il nous arrache un rire à chaque fois qu'il parle), pestant contre le commissaire en chef qui, ayant un passé amoureux avec la lesbienne, fait tout pour la faire libérer sans suites... On côtoie les flics d'en bas et on se sent proche d'eux. Quand tu vois un keuf qui te sort une photo de son étui à flingue en te disant "ça, c'est la photo de l'assassin de mon frère", tu sais que tu peux avoir confiance, c'est des gars solides, pas des branlottins de fonctionnaires qui font t'appeler des renforts en restant au chaud dans la bagnole pendant que les maffieux chinois dépouillent madame Seguin, la vieille du sixième. Avec un beau tableau de chasse à son actif (plusieurs macros, quelques guetteurs étrangers, des violeurs arabes et chinois, et du coup une aristocrate homosexuelle), l'Exécutrice envoie le pâté, et avec un bon saucisson et un petit côte du rhône, on peut passer une bonne soirée avec des produits du terroir bien de chez nous. Le film pour les bons beaufs de droite qui aiment le divertissement sans fioritures.