Moi vous savez les films politiques... Ah beh non tiens, on va en dire du bien là. Les films français sont généralement rebutants quand il s'agit de représenter la société. Mais quand il s'agit de représenter ce qu'elle n'est pas, ou même ce qu'elle prétend être, on se gausse. On se gausse mon ami, parce qu'il a de quoi.
L'Etat, finalement, c'est un gigantesque théâtre. On entre en scène tel un inconnu (alors qu'on peut avoir la cinquantaine avancée); on se fait remarquer par des tours de passe-passe brillamment enchaînés, par des moments marquants qui restent dans les mémoires. On se fait "bien voir". On a parfois affaire à des inconnus, des personnes dont la vie est précaire, temporaire, intermittente. On est acteur, donc on peut certainement avoir des doutes quant à sa réelle identité. On se demande si ce qu'on ressent est réellement ce qu'on ressent ou uniquement du jeu. On tente de rendre crédible son personnage, tout en sachant pertinemment que ceux qui nous regardent savent que c'est du faux. On fait des grimaces, des cabrioles, et quand on retourne quelques secondes en coulisse, c'est là que se fait le vrai travail. Ce vrai travail, ce n'est peut-être même pas nous qui le faisons : maquilleur, écrivain, metteur en scène, charpentier, technicien... On ne verrait jamais un acteur accrocher les projecteurs au plafond ! Puis, on fait semblant d'aimer. On fait semblant de pleurer. On fait semblant de rire. On fait semblant, puisqu'ici, tout est jeu. Il y a parfois des accidents de parcours. Mais quand quelqu'un oublie son texte, que fait-on ? On improvise.
L'Exercice de l'Etat, c'est le récit du vent. Ce vent qu'on ne peut saisir. L'Etat c'est ce vent. Des hommes qui le gouvernent, qui nous le font passer pour ce qu'il y a de plus important au monde. Et grâce à ce vent, ces hommes-éoliennes, dont l'ambition n'a d'égal que leur talent d'acteur, tournent, de plus en plus vite. Pendant que le monde stagne.
Un film brillant !