Le réalisateur, bien qu’il ne partage pas ses idées, profite de sa campagne pour les élections fédérales en 2011 pour suivre, au plus près (à son domicile, belle villa avec piscine dominant le lac de Zurich et dans sa voiture), Christoph Blocher (71 ans à l’époque), homme d’affaires et politique (depuis l’âge de 35 ans) et vice-président (2008-2018) de l’U.D.C. (Union Démocratique du Centre), parti conservateur, nationaliste et populiste, classé à droite voire l’extrême-droite. Le film est inégal car, pour plus de compréhension, il aurait dû suivre l’ordre chronologique de la carrière de Blocher, « homme le plus haï et admiré de Suisse ». En fait, il n’est pas totalement antipathique : fils d’un pasteur pauvre (7e enfant sur 11), né en 1940 près de la frontière allemande et des chutes du Rhin, il n’est pas un fasciste (mais il a soutenu l’Afrique du Sud quand Nelson Mandela était en prison). Dommage que ses discours ne soient pas filmés et inclus dans le documentaire. Il s’agit plus d’un politicien madré, un peu à la façon de Bernard Tapie (1943-2021), certes plus à gauche, ou, en moins « flamboyant », de Silvio Berlusconi (1936-2023) car il privilégie d’abord ses affaires : il a racheté la société Ems-Chemie à la mort de son patron et a su la faire prospérer (salariés sous-payés, implantation en Chine en vendant des brevets) et devenir riche [cf. héritage par Jean-Marie Le Pen de la fortune d’Hubert Lambert (1934-1976), fils du fondateur des Plâtres Lambert]. Il achète et revend des entreprises qu’il démantèle, telles AluSuisse. Il possède la plus grande collection au monde du peintre suisse Albert Anker (1831-1910). Il a aussi acheté » le quotidien Weltwocher. Il donne à entendre aux gens ce qu’ils veulent entendre (« Moins d’impôts, moins d’État ») et n’hésite pas à chanter dans les meetings (et du Rossini, en privé, avec une cantatrice). Il a instillé ses idées qui, peu à peu, ont fait leur chemin dans les esprits et se sont normalisées, d’où sa réussite (non adhésion de la Suisse à l’Union Européenne en 1992, durcissement des lois sur l’immigration, etc.), même s’il a échoué aux élections fédérales de 2011.