Le fait que cet animateur d’une émission télévisée pour enfants très populaire aux Etats-Unis est totalement inconnu pour nous européens n’est pas forcément un problème puisqu’on a déjà vu des biographies sur des personnes anonymes ou tout simplement peu connues qui nous ont enchanté. Et qu’au bout du compte, il peut y avoir mille et une façon d’aborder la vie d’un personnage célèbre, méconnu ou même inventé. Mais déjà quelque chose cloche dans l’angle choisi pour nous présenter ce monsieur : le fait de se servir de cette figure réelle pour tisser un récit sur le pardon où il n’est finalement que le personnage secondaire sonne quelque peu comme un aveu d’impuissance. Pourquoi ne pas traiter l’histoire de cet homme de front et se focaliser sur lui ? Certainement parce qu’il n’y avait certainement pas matière à en dire grand-chose… Et cela se retrouve dans « Un ami extraordinaire ». On se demande constamment quelle est l’utilité réelle de ce long-métrage qui nous serine une histoire de trauma basique et nous présente un homme au demeurant très sympathique mais dont la vie n’a rien de bien passionnant, en tout cas pas assez pour faire le sujet d’un film.
Alors oui on a le droit à une belle leçon de vie mais c’est déjà vu et réchauffé. Et, surtout, au cinéma on attend bien plus que cela désormais. Pire, Tom Hanks, qui pourrait sembler en faire trop de prime abord, singe en fait réellement l’attitude de ce Fred Rogers. Il est donc plutôt bon, comme s’est presque toujours le cas. En revanche, en choisissant un tel rôle, il nous refait le coup de « Forrest Gump » en moins bien. Cet animateur n’a rien de simplet mais sa bonté excessive et le rôle qu’il va jouer dans le film pour le personnage principal rappelle au bon souvenir du film culte de Robert Zemeckis. En version bas de gamme néanmoins et une version qui semble avoir dix ans de plus qu’un film pourtant vieux de presque trente ans. Car oui, « Un ami extraordinaire » paraît avoir été tourné il y a plus de vingt ans. Sur le fond donc comme un vieux conte de Noël (même si ce genre d’histoire pourrait être racontée à toute époque) mais aussi sur la forme, vieillotte et terne. Pourtant Marielle Heller fait des efforts et développe de bonnes idées en se servant des décors de l’émission de Rogers pour passer d’une séquence à l’autre. Mais rien n’y fait, c’est suranné et pas très agréable à regarder.
On assiste donc pendant près de deux heures à une litanie sur le partage, l’altruisme et le positivisme. Et c’est souvent lourd et édifiant au point qu’il faut vraiment être d’humeur tolérante pour supporter cela. Quelques séquences fonctionnent tout de même et titillent notre fibre émotionnelle comme ce passage dans le train où tout un wagon entonne la chanson du générique de l’émission de Rogers. Mais force est de constater que l’on s’ennuie ferme et que presque rien ne vient jamais nous sortir de notre torpeur. Pas vraiment de moments forts à se remémorer et on aura très vite oublié ce drame au demeurant oubliable en tous points. Et l’ensemble se révèle terriblement triste à regarder alors que le message du film est censé être lumineux. Le personnage du journaliste joué par Matthew Rhys n’a en plus aucun charisme et n’aide pas à l’identification. On sort de cette projection apathique et avec la désagréable impression d’avoir perdu son temps.
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