Autant le dire tout net, le très distingué majordome Marmaduke Ruggles est un des plus beaux personnages de l'histoire du cinéma grâce à l interprétation géniale qu en fait Charles Laughton.

Stoïque, naïf et courageux, il suit en Amérique ses nouveaux patrons, un couple de bourgeois de l' ouest sauvage à peine domestiqué. Le mari l'a gagné au poker contre une caricature d'aristocrate anglais trop sûr de lui, tandis que son épouse nourrit l'espoir qu à son contact il gagne un peu de cette classe européenne que leur voyage à Paris n'a pas réussi à lui inculquer.

Mais l'association burlesque, digne de Laurel et Hardy entre l’indécrottable plouc américain et l'imperturbable majordome anglais, pivot de la première partie du film prend de la bande au contact de la rustique et chaleureuse Amérique du Middle West,l'on voit ainsi ce bon vieux Marmaduke délivré des lourdeurs compassées de la vieille Europe s 'enhardir au Rêve américain, et de valet soumis aux caprices de ses maitres, devenir un authentique self made man américain.

Et c'est là où monsieur MacCarey et monsieur Laughton m'ont laissé pantois, envahi d'une émotion transcendante, chaleureuse et humaniste comme seul je croyais Capra et Jimmy Stewart en être capables .

Les cinéastes de l' âge d'or , les années 30, 40, les premières décennies du parlant n' ayant pas oublié les vertus du muet, avaient compris une chose essentielle: l' humour, la dérision avec amour de son héros conduit à l' empathie, et de là il est aisé d'en venir à des choses profondes, comme un homme d'un âge mûr, trouvant la ressource de se réaliser, non pas réussir, notre homme est trop modeste, mais simplement se réaliser, au contact d'une femme simple qui lui apprend à faire du mauvais café quand il lui apprend à faire du bon thé.

Et nous d' être transportés, si fiers de ce Marmaduke tout en retenue et en bonhommie, avec l'un des plus beaux monologues de l' histoire du cinéma, Laughton déclamant du Lincoln ( précurseur de Jimmy Stewart et son grand monologue de fin dans Mister Smith au Sénat ) .

Après avoir vu ce film, je me suis senti reconnaissant à son égard, je vous le souhaite aussi.

Alors ne ratez pas l'occasion de le voir!

Créée

le 22 févr. 2013

Modifiée

le 12 mai 2013

Critique lue 685 fois

19 j'aime

3 commentaires

PhyleasFogg

Écrit par

Critique lue 685 fois

19
3

D'autres avis sur L'Extravagant Mr Ruggles

L'Extravagant Mr Ruggles
PhyleasFogg
9

L' extraordinaire monsieur Laughton.

Autant le dire tout net, le très distingué majordome Marmaduke Ruggles est un des plus beaux personnages de l'histoire du cinéma grâce à l interprétation géniale qu en fait Charles Laughton. ...

le 22 févr. 2013

19 j'aime

3

L'Extravagant Mr Ruggles
Pruneau
9

Service valet

"Vous croyez au coup de foudre immédiat ? Non. Ah, alors je vais rester encore un peu." Génial dialogue. Tout comme les interprétations de Charles Laughton (en valet «perdu» au poker par son maître)...

le 10 août 2011

18 j'aime

6

L'Extravagant Mr Ruggles
Alexis_Bourdesien
7

En panne d'égalité et de liberté ? N'ayez pas peur, le pays de l'Oncle Sam est là pour vous sauver

Le speech de L’extravagant Mr Ruggles est assez simple. Mr Ruggles, majordome d’un homme de la haute société anglaise, est mis en jeu lors d’une partie de poker entre son « maitre » et un bourgeois...

le 27 avr. 2014

17 j'aime

3

Du même critique

Les Enfants du paradis
PhyleasFogg
10

Sur le boulevard du crime, vous vous promenez, et tombez amoureux d'une fleur, Garance

Sur le boulevard du crime, vous vous promenez, et tombez amoureux d'une fleur, Garance. Il y a Baptiste, le mime enfant de la lune, tellement fou d' amour qu'il n'ose cueillir la fleur... Frédéric...

le 10 févr. 2013

70 j'aime

15

Chantons sous la pluie
PhyleasFogg
10

Make 'em laugh Make 'em laugh Don't you know everyone wants to laugh?

Qui peut résister à "Singing in the rain" ? Qui peut rester hermétique à ce film qui vous entraine, vous endiable, vous charme et à la fin vous terrasse de joie. Je me souviens encore de la stupeur...

le 25 juin 2013

64 j'aime

18

Timbuktu
PhyleasFogg
8

Mea culpa ou savoir accueillir un film pour ce qu'il est.

Longtemps je me suis gardé de rédiger une critique à ce film. Le parti pris du cinéaste, qui de la dérision, à la folle poésie, finissait en mélodrame, échappait en partie à mon entendement. Je l'...

le 21 févr. 2015

58 j'aime

15