Les films de Jeunet ont les (gros) défauts de leurs qualités. On apprécie chez ce réalisateur le soin qu'il prend à offrir un univers visuel très particulier qui est un peu sa marque de fabrique. On a remarqué par ailleurs que Jeunet aime les personnages secondaires hauts en couleurs dont l'un d'eux est toujours incarné par Dominique Pinon, son acteur fétiche. Enfin, le mode de narration est également très spécifique, Jeunet aimant accompagner le spectateur au plus près dans sa compréhension du film.
Eh bien ces trois "tics" de réalisation peuvent finir par lasser. Surtout quand il donnent l'impression de desservir l'histoire.


On retrouve dans l'Extravagant Voyage...le visuel très coloré, très perfectionniste de Jeunet mais sans que cela n'apporte quoi que ce soit au film.
On retrouve les personnages secondaires mais ils ne servent à rien. Le film est construit comme une fable autour du voyage du jeune Spivet. En temps normal, les personnages rencontrés par un héros - quel qu'il soit - le font progresser dans sa quête ou au contraire constitue des épreuves initiatiques. Ici, ce n'est pas le cas. Les rencontres avec l'ancien ou avec le policier ne servent à rien. Elles sont juste anecdotiques. Des relations qui restent en surface et dont le récit pourrait complètement se passer. Or un personnage secondaire est précisément réussi quand justement il ne s'avère pas si secondaire que ça.
Le film est sans cesse ponctué de scènes purement gratuites et sans intérêt. Le serpent ? La gifle de la fin ?
Enfin la narration. Le problème de la narration hyper présente de Jeunet est qu'elle ne nous laisse que très peu de mystère et donc de liberté en tant que spectateur. Jeunet nous montre le jeune Spivet mais de surcroit il nous dit ce qu'il pense et même ce que pense les autres personnages. Ainsi, on pénètre (au sens propre) dans le crâne de la grande soeur. La voix off sur-raconte là où l'on pourrait se contenter de deviner. Cela donnerait un peu d'air à l'ensemble. Car on finit par vite étouffer dans ce genre de mise en scène.

Theloma
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le 30 mars 2015

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