Présenté comme un western à la Agatha Christie (un détective est chargé de retrouver l’assassin d’un prospecteur d’or), L’Héritage de la colère enfile les chapitres qui sont autant de portraits des assassins potentiels. Des portraits, initiés par un petit interrogatoire du héros, qui finissent par présenter une situation qui appelle une résolution éthiquement acceptable. Enfilade de portraits de personnages souvent en quête de rédemption, il s’agit presque d’un film à sketchs portant chacun en eux une parabole morale. Autrement dit, un drôle de film qui n’a de western que son contexte et de policier que son postulat. L’enquête, comme le rythme du film, est totalement linéaire, peinant, de ce fait, à susciter l’intérêt.
Si les personnages sont plus ou moins intéressants et si Jock Mahoney (cascadeur et doublure avant de devenir lui-même acteur principalement à la télévision) a une certaine présence à l’écran, l’histoire passionne peu. Pour un film de série, l’ensemble manque, par ailleurs, cruellement d’action, contrairement à ce que semble indiquer l'affiche. Et ni le titre original (Money, women and guns) ni le titre français ne traduisent l’ambition très prêchi-prêcha de l’ensemble. Formellement, cependant, l’originalité de l’œuvre est une évidence. Chaque chapitre, chaque lieu, chaque personnage possède sa spécificité qui participe à donner une tonalité particulière à cet étrange film. Les paysages sont bien exploités et la photographie, aussi particulière soit-elle, est de qualité.
Ce n’est pas palpitant, mais certaines situations et scènes sont suffisamment baroques pour susciter un certain intérêt. On regrettera que cet ensemble si atypique ne soit pas porté par une intrigue plus retorse et que les bons sentiments prédominent sitôt la scène inaugurale passée. La romance convenue qui traverse ainsi tout le récit (et qui constitue presque le seul lien du film) l’envoie sur le chemin de la comédie familiale alors qu’on espérait sans cesse taper à la porte d’un film noir qui n’a jamais lieu. Curieux film donc qui ne cesse de se dérober. S’il n’est pas déplaisant, il laisse perplexe.