Ce qui est bien dans L'heure de la sortie, c'est que le film sait pertinemment où il veut nous emmener et avec quels outils. Il s'agit d'installer un climat paranoïaque à partir seulement de ce que voit et pense un individu relativement isolé, en l'occurrence le professeur interprété par Lafitte (impeccable), confronté à une bande d'adolescents (excellemment interprétés) et de plus en plus inquiétants. C'est bien joué car il y a de la méfiance du côté du spectateur vis-à-vis de ce personnage qui après tout imagine le pire, et nous avec, alors qu'il n'a peut-être pas toute sa tête, qui sait ? Après Irréprochable, un peu insatisfaisant, le deuxième film de Sébastien Marnier marque un progrès dans sa volonté de nous proposer un cinéma d'effroi qui essaie autant que faire se peut de sortir des schémas les plus rebattus. Pour autant, la démonstration n'est pas encore parfaite dans L'heure de la sortie. Il n'y manque pas la tension mais le scénario n'est pas inattaquable, négligeant quelques détails (qu'est-ce qui explique le geste commis à l'entame du film ?) ou introduisant des péripéties peu concluantes (les appels anonymes). La double fin est excellente, évidemment, et assez logique, vu ce qui a précédé mais pourquoi, finalement, ne frissonne t-on point autant qu'on s'y attendait ? Parce que comme dans le cas d'Irréprochable, L'heure de la sortie ressemble malgré tout à un exercice de style auquel il manque des armes (de mise en scène, principalement) pour nous entraîner vraiment par le fond, comme c'est le but. Encore un effort, le prochain long-métrage de Sébastien Marnier devrait se rapprocher du thriller idéal, à moins qu'il n'ait l'idée de changer totalement de style, ce qui peut être un défi des plus captivants.