Suprême de volaille, Gaynor ou l'heure de la pintade
Bonsoir.
Ce soir, je viens vous parler de l'Heure Suprême.
Alors pas le film que les autres personnes ayant écrit des critiques sur cette fiche ont vu, hein.
C'était vraisemblablement un truc différent, avec le même titre.
J'hésite d'ailleurs à créer une nouvelle fiche.
Je vais bien évidemment amasser un maximum de unlikes, voire perdre quelques abonnés, mais à un moment on ne peut pas tout laisser passer au nom de la démagogie et de la prudence.
Or donc...
Ce film est dans sa première partie un Disney.
Mais les pires hein. Ceux qui sont niais sans retenue, sans excuse, sans second degré, sans même une trace de poésie.
Vous prenez un de ces Disney, vous le gavez de guimauve jusqu'à ce que ça sorte par tous les orifices.
Ensuite vous l'aspergez copieusement de sirop d'érable. Non, mieux, vous le plongez dedans.
Enfin vous le faites disparaître sous une pluie de pétales de rose.
Voilà, on y est à peu près.
C'est tout ça, mais en beaucoup plus mièvre.
Le titre de ma liste fait d'ailleurs bien pâle figure en comparaison de l'étalage de bons sentiments qu'on subit.
Et pourtant je ne pense pas être la personne la plus dénuée de cœur qui soit.
Mais nous avons tous nos limites.
La seconde partie est supportable, le contexte "guerre" permet de se défouler un peu, et d'espérer que Chico...
Ah oui, je ne vous ai pas dit. Le mec s'appelle Chico. Il s'appelle d'ailleurs vraisemblablement Chico Chico pour être exact, puisque Diane (Janet Gaynor, je reviendrai sur son cas) se réclame d'être "Mme Chico". Hum, ça aussi j'y reviendrai.
Donc oui, d'espérer que Chico va bien copieusement s'en prendre plein la gueule, voire idéalement crever.
Je ne révélerai pas l'issue, ce serait trop cruel.
Bon le truc c'est que je ne suis pas patriote dans l'âme, loin de là.
Et comme chantait le poète, "la Marseillaise même en reggae, ça m'a toujours fait dégueuler".
Autant vous dire que j'ai été comblé.
Je suis également indulgent envers l'image de la femme que renvoie l'Heure Suprême, tellement c'est la tare d'une époque. On ne peut décemment pas le lui reprocher plus que cela.
En revanche mon inquiétude est grande, et je pèse mes mots, concernant la population masculine de SensCritique.
Si pour vous Janet Gaynor est "la plus belle femme du monde", et autres formules incompréhensibles.
Si vous vous extasiez devant la scène du coucher de Diane, ce fessier indiscernable même avec beaucoup d'imagination et sa "pornographie".
Si vous êtes en émoi devant Chico qui nettoie les rues avec sa grosse lance.
Alors il est peut-être temps de se poser des questions...
D'un point de vue sonore, la bérézina est totale.
Fou que j'étais, de reprocher à M le Maudit son absence de musique et ses silences. Je lui présente mes plus plates excuses.
La débauche insipide et indigeste de bruit qu'on nous sert durant tout le film est horripilante au plus haut point. J'ai d'ailleurs fini par couper le son.
En voyant ma note, vous vous interrogez certainement sur cette incroyable et inexplicable clémence qui est la mienne, comparativement à cette critique assassine.
C'est tout simplement en regard de l'âge avancé de cette œuvre (vous voyez, je consens même à lui accorder le statut d'œuvre).
Un peu comme un oncle gâteux qu'on visite à l'hospice. Vous savez, celui qui est alcoolique, bave un peu et tripote les infirmières.
On ne l'aime pas beaucoup, parfois il nous énerve sérieusement, on en a un peu honte mais on lui doit un minimum de respect.
Mais vraiment le minimum.
C'est pareil pour ce Borzage. Le privilège des aînés on va dire.
Et parce que d'un point de vue purement technique, il présente de l'intérêt.
De belles images, beaux jeux de lumières et beaux plans.
D'ailleurs je vais vous dire, il a même failli accrocher un généreux et inespéré 6.
Mais le coup de grâce (si j'ose dire) c'est que l'ensemble de la bobine, déjà pas bien folichonne, est parsemée de bondieuseries insupportables.
Le prêtre qui file tranquillou du piston.
L'athée qui oublie soudainement ses convictions pour se marier avec une grognasse rencontrée deux heures plus tôt.
Et surtout, surtout, l'ultime supplice, cette fin parfaitement prévisible et gerbifatoire (c'est un peu comme gerbante, mais en largement pire).
Je vous en laisserai juges.
Vous l'aurez compris, je n'ai pas vraiment trouvé ici le chef d'œuvre encensé.
Ces ratages dans la confiance aveugle que je porte à mes éclaireurs sont heureusement rares, et encore plus rarement d'une telle intensité.
Il n'y a donc pas matière à leur en tenir grief. Du moins pas durablement.