Que dire d'un film qui ne nous dit rien ? L'Histoire de Piera se donne des grands airs avec son titre pompeux qui, si on s'est renseigné au préalable, nous annonce une biographie. Au moins Ferreri nous fait-il considérer avec subtilité la frontière entre le sexe et le cycle de la vie au travers du personnage fou de Hanna Schygulla, qui sera d'ailleurs primée à Cannes pour ça, et bien à raison.
Au global, cela pourrait constituer la vocation du film, qui ne manque pas de nous laisser dans le doute à d'autres endroits ; en premier lieu, pourquoi l'inceste semble-t-il toléré dans l'enceinte de l'histoire ? Mais on aura plutôt tendance, à la longue, à mettre ça sur le compte de l'hésitation, puis du manque total de caractère ; sans même parler du scénario qui exerce zéro fascination, l'œuvre se borne à une ambiguïté muette ; dans l'histoire vraie, il y a de l'inceste, de la pédophilie, de l'homosexualité, et tout cela a bien plu à Ferreri qui a réalisé La Storia Di Petra de manière à nous culpabiliser d'être intéressé, et ce grâce à des acteurs expressifs et sûrs d'eux (que le doublage massacre), mais il commet l'erreur de nous laisser recouvrer une conscience tranquille parce qu'il ne se mouille pas ; pas de jugement, pas d'allusions, pas de conclusion, rien qui puisse nous relier à l'histoire vraie derrière cette fable.
Ferreri semblait mesurer l'équilibre entre le scandale et la lucidité, mais l'abandonne au profit de... rien du tout. Tout nous donne à croire qu'il n'avait rien à dire : le scénario ne porte pas ses propres clés, l'érotisme semble ne servir aucun but, et les personnages ne paraissent même pas avoir été imaginés avec un quelconque arrière-plan biographique autre que le peu que le film veut bien nous en montrer. Au final, ce sont même les acteurs qui nous donnent l'impression d'avoir été enfermés dans des petites boîtes sans signification.
Quantième Art