Le film d'Henry Koster date de 1960 et est une libre adaptation du Livre de Ruth de la Bible. Henry Koster, d'origine allemande émigré aux USA au milieu des années 30, est connu pour la réalisation de "La tunique" et "Ma cousine Rachel".
Pour en avoir discuté avec des croyants qu'ils appartiennent aux religions juive et chrétienne, c'est tout-à-fait le genre de film qui fâche et les uns et les autres.
Dans l'Ancien Testament, l'histoire est (bibliquement) simple et n'est qu'un épisode mettant en exergue certaines lois fondamentales juives et donnant l'exemple d'une femme convertie qui sera un lointain ascendant du roi David. Tandis que le Nouveau testament récupère la légende pour assurer une ascendance lointaine prestigieuse à Jésus, améliorant de facto son statut politique. D'un strict point de vue historique, le film n'est qu'un joli méli-mélo forcément inexact.
Par contre, étant incroyant et grand amateur (= admirateur) de toutes ces très anciennes légendes qu'elles soient bibliques, celtes, grecques, préhistoriques ou polythéistes ou ce qu'on veut, je regarde le film et l'apprécie à l'aune du scénario, du jeu des acteurs et actrices et de la mise en scène.
C'est vrai qu'il eût été facile de concilier tout le monde en s'abstenant de faire des clins d'oeil ou des allusions trop précises aux personnalités historiques des textes sacrés en restant à un niveau plus populaire. Ce que je vais faire maintenant.
Par conséquent, l'histoire raconte l'histoire d'une jeune femme moabite Ruth, prêtresse du dieu sanguinaire Shemosh, qui tombe amoureuse d'un judéen, Mahlon. Les deux parviennent à s'enfuir avec Naomi, la mère de Mahlon. Mahlon est tué dans la fuite. Ruth et Naomi poursuivent leur fuite vers la Judée. Les difficultés ne font que commencer car Ruth est considérée comme une moabite donc ennemie jurée du peuple judéen. Vu comme ceci, ce n'est plus un film historique mais un peplum.
Ce qui me parait important dans ce péplum c'est la question de l'accueil d'un étranger (ici, une étrangère, de surcroît une ennemie) et d'autre part de la tolérance.
La construction du scénario est linéaire, centrée sur le personnage féminin de Ruth. Les hommes qui apparaissent et disparaissent ont leur importance en le sens où ils apportent des éléments influençant le personnage de Ruth. Ils restent secondaires quant à l'avancement de l'intrigue.
Même si le film a probablement été tourné en studio avec des décors en carton pate, il n'empêche que la mise en scène ménage de belles scènes comme le sacrifice humain au dieu Shemosh, l'évasion de Mahlon ou encore l'accusation publique d'idolâtrie que portent les femmes judéennes sur Ruth..
D'un point de vue du casting, j'avoue ne pas beaucoup connaître les différents acteurs.
C'est une actrice israélienne Elana Eden qui interprète le personnage de Ruth. Outre sa beauté à l'écran, son jeu est plein de retenue et de franchise.
La mère de Mahlon, Naomi est interprétée par Peggy Wood qui assure un personnage plein de bonté et d'empathie. A l'instar du rôle de la compréhensive supérieure du couvent qu'elle jouait dans "la mélodie du bonheur"
Au final, si on accepte de ne voir que le péplum en s'affranchissant de toute velléité historique , "l'histoire de Ruth" se révèle être un film très plaisant à regarder.