L’Histoire de Souleymane, on pourrait, en regardant la BA, se dire que c’est celle de plein de livreurs. (Évidemment beaucoup doivent vivre la même violence quotidienne, mais ici je parle de son histoire de vie)
Mais non, c’est bien celle de Souleymane, la sienne et celle de personne d’autre et c’est ça qui fait toute la beauté de la scène de fin sans vouloir spoiler.
J’ai trouvé, personnellement, extra-ordinaire la façon dont le réalisateur parvient à traiter un sujet éminemment politique, sans faire de politique.
Ça pourrait être un film récupéré aussi bien par un politique pro-immigration qu’un politique anti-immigration.
En fait on s’en fou, c’est pas le sujet.
Le sujet c’est l’humain, montrer qu’avant d’être un immigré exploité, Souleymane est une personnalité (très attachante au demeurant) on voit qu’il est dans la détresse mais surtout qu’il est courageux, bon, pas meilleur que les autres, juste avec de bonnes intentions et une bonté magnifiquement incarnée.
J’ai trouvé la réalisation intelligente, on est collé à son quotidien, sans fioritures, sans musique, juste sa vie d’homme exploité. On pas besoin d’artifices pour comprendre que sa vie est d’une violence inouïe.
Le jeu d’acteur absolument parfait.
L’apogée étant lorsqu’il raconte SON Histoire, un récit bouleversant d’humanité dans les faits et surtout dans l’invraisemblable cumul d’émotions qu’il a du être susceptible de ressentir: un mélange explosif de colère, de tristesse, d’angoisse, mais surtout d’amour, cet amour qui lui permet de tout endurer.
Celles-ci étant magnifiquement jouées par Abou Sangare.
Apogée rendue possible parce qu’enfin quelqu’un l’écoute cette Histoire, mécaniquement lorsqu’elle est mécanique, et avec un regard plein d’humanité lorsqu’elle est celle d’un homme vulnérable et courageux. (Nina Meurisse est absolument parfaite dans son rôle)