traduit de l'anglais
Avant tout, je n'aurais pas le sentiment d'appartenir à la bonne société des critiques de cinéma sans une déclaration d'amour à tous les étrangers qui se lèvent tôt chaque matin et qui travaillent dur pour notre petit bonheur de Blancs. Je vous respecte tellement, les gars, cœur sur vous. Vous êtes littéralement mes héros du quotidien. Nous, le peuple blanc, devrions être emplis d'une infinie gratitude pour votre incroyable courage. Au lieu de ça, nous vous persécutons de pièges bureaucratiques quotidiens pour vous maintenir dans un état d'anxiété permanent car nous avons besoin d'une main-d'œuvre docile et peu onéreuse. Le film ne dit pas grand chose de cela. Il y a la scène où la police se moque de Souleymane et l'interroge sur son compte Uber mais c'est sans conséquence (les problèmes qu'il rencontre ensuite avec l'application semblent plutôt venir de son accident avec la commande d'une bobo acariâtre). Pire, la dernière scène d'entretien pour obtenir sa carte de séjour constitue le renversement narratif du film et permet au public d'imaginer un avenir paisible pour Souleymane – merde romantique totale.
Le film préfère se concentrer sur deux ennemis faciles que tout le monde déteste : la communauté africaine corrompue et Uber. Je ne dis pas que les clients d'Uber ne doivent pas mourir de honte – c'est le principal mérite du film – mais surtout parce que les restaurants sont des lieux démocratiques essentiels, comme les salles de cinéma. Manger un Uber, c'est comme regarder un film chez soi. Si l'on veut agir comme un citoyen, faire son métier d'homme comme disait Rossellini, on ne peut pas vivre chez soi.
À part ça, l'Histoire de Souleymane est hautement divertissant, sans doute plus trépideux qu'un film de John Woo, mais d'assez peu d'aide pour devenir un citoyen.