Souvent plus reconnu comme un bon qu'un grand réalisateur, Edward Dmytryk signe probablement ici l'un de ses meilleurs films, polar dense, aussi original que précis, où celui-ci fait toujours les bons choix aussi bien dans la mise en scène que la narration. Il fallait oser, surtout à l'époque, offrir une approche « psychanalytique », presque compatissante d'un tueur dévoré de l'intérieur par sa haine incontrôlée des femmes (le voir tenir son fusil presque comme s'il s'agissait d'une peluche est très troublant), offrant plusieurs scènes où le malaise est consumé.
Sorte de précurseur de « Columbo », le « whodunit » n'étant jamais de rigueur ici, on est étonné d'observer toute absence de moralisation, de longs discours défendant avec ferveur les grands idéaux américains pour proposer quelque chose de beaucoup plus subtil, complexe, trouvant un bel équilibre entre la personnalité « trouble » (euphémisme) de l'assassin et enquête mené avec rigueur, où le corps médical a presque autant d'importance que les forces de l'ordre pour dresser le portrait d'un homme malade, incontrôlable, qu'Arthur Franz interprète impeccablement dans ce qui est clairement le rôle de sa vie. Une réussite, à l'image de ce plan final venant conclure de fort belle manière ce Film noir à (re)découvrir.