Celui qui se cache derrière ce titre n’est pas le frère caché de Louis XVI, mais El Padre. Il n’est pas non plus le sergent Chesterfield déguisé en prêtre mais un curé catcheur. Cela, enfin, n’est pas un compromis inventé par la télévision d’époque, mais une histoire vraie adaptée sans prétention : le curé catche pour financer son orphelinat.
Simple ne veut pas forcément dire simpliste & il y a de l’idée chez Duret, cependant sa création coud grossièrement ensemble des thèmes qui sont pourtant abordés sans risques et dont le seul mérite est de faire émerger un Jean Reno attendrissant dans un rôle ambigu qu’il maîtrise placidement, sans toutefois parvenir à réconcilier les notions de religion & de catch, dont le contraste reste la motivation trop évidente à faire ce film, pas assez dissolue dans la volonté fluette de nous montrer un homme simple.
Par contre, il faut reconnaître qu’il a dû être particulièrement dur d’extirper ce compromis artistique d’un Mexique pauvre avec beaucoup d’acteurs enfants & une légère volonté comique. On voit ce que le cinéaste a voulu dire, & par moments, ça nous suffit. Mais ça marche mal par ailleurs. Parfois on se demande : ”pourquoi avoir tenté ça ?”
Tout n’est pas à jeter, car malgré l’impression tenace que le film était destiné à un public strictement abonné à la VHS, l’organisation de l’orphelinat passe assez bien – si l’on néglige le fait qu’à part Reno & sa sœur Marlee Matlin, la place des adultes n’est pas du tout détaillée & que quelques gros plans sont du coup mal placés.
Les paradoxes des personnages sont exposés de façon suffisamment modeste pour qu’on n’en regrette pas les implications, & le jeu d’acteurs est globalement peu malaisant, à l’inverse d’un doublage qui transforme le Mexique en territoire francophone avec si peu d’égards pour la cohérence que c’en est insupportable – on aurait au moins pu se dispenser de faire parler les Mexicains avec un accent en français, car cela donne l’impression que tous l’ont appris comme seconde langue plutôt que d’entretenir l’illusion d’un bilinguisme naturel qui eût été plus digeste.
C’est rigolo de retrouver Reno, après Le Grand Bleu, dans cette production intimiste sortie de nulle part & amenée sans conviction dans une Amérique centrale à peine détourée. On en trouverait le visionnage intéressant pour peu que Duret apportât le moindre soin à ses éclairages. Les grandes ombres en pleine nuit & les reflets indésirables sur les murs, on en parle ?
→ Quantième Art