Au tout début du XXè siècle, à New York. Henry Jarrod est un paisible sculpteur sur cire dévoué à son art, qui aime ses statues comme si elles étaient ses propres enfants. Alors qu'il est sur la voie du succès, Matthew Burke, son associé uniquement préoccupé par des rentrées financières rapides, met le feu à son musée pour escroquer les assurances et le laisse pour mort.
Quelques années après, Burke et sa petite amie Cathy Gray sont assassinés et leurs corps disparaissent de la morgue. Sue Allen, la meilleure amie de Cathy, visite le nouveau musée de Jarrod, mystérieusement réapparu. La statue de Jeanne d'Arc lui est étrangement familière ...

Un film conçu à la fois comme un suspense d'horreur/policier à l'ancienne (c'est le remake des Masques de cire de Michael Curtiz de 1933) et comme une curiosité digne des exhibitions de figures de cire pour attirer le chaland qu'il dépeint : il est sorti en 3D, un phénomène qui a lieu chaque fois que le septième art perd du terrain face à la vidéo privée, Avatar l'a encore illustré il y a 2 ans ... Trois scènes ont servi le mieux à la démonstration technique : l'incendie, le spectacle de french-cancan et un aboyeur de foire diablement adroit jouant avec ses mini-jokaris, envoyant la balle dans les yeux du spectateur (un pur gimmick celle-ci).

A moins d'avoir par chance une version et des lunettes appropriées, nul besoin de le voir en 3D pour l'apprécier cependant, grâce à l'ambiance distillée par les ruelles brumeuses de la Belle Epoque où rode l'assassin difforme en manteau noir et grand chapeau (je me demande s'il n'a pas inspiré Edgar Pierre Jacobs pour la Marque Jaune), et ce musée des plus sinistre... Les ingrédients du genre répondent tous présents : une ravissante héroïne en danger fatalement amenée à crier mais plutôt futée et son petit ami inutile et crédule, un certain Charles Buchinsky -qui ne s'appelait pas encore Bronson- à ses débuts en serviteur loyal, costaud et muet (nommé Igor, quelle surprise), les policiers qui piétinent dans l'enquête et finalement arrivent toujours in extremis, et surtout un merveilleux Vincent Price (je m'autoriserai d'ailleurs un rare calembour en le surnommant "Vincent Priceless"), dans le rôle archétypal d'un artiste de génie amoureux de son art (voire même de sa statue préférée, Marie-Antoinette...) qui, ne pouvant plus créer la beauté, sombre dans une spirale de folie meurtrière pour l'atteindre à nouveau... Une prestation qui vaut à elle seule le détour.
Une scène particulièrement saisissante du point de vue visuel est celle, quasi-apocalyptique, de l'incendie du premier musée, où l'on voit les figures de cire fondre et s'écrouler une à une, qui souligne toute l'empathie que le spectateur peut éprouver pour le personnage qui perd ses plus beaux chefs-d'oeuvre en même temps qu'elle annonce l'horreur à venir. Des traits dont le slasher de 2005 ne s'est pas encombré (il n'en est pas vraiment le remake mais lui emprunte pas mal et lui rend même hommage), misant plutôt sur la surenchère de gore. Je lui préfère de loin ce conte délicieusement macabre.

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le 30 déc. 2011

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Jackal

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