Il avait du potentiel, ce dernier James Bond made in Guy Hamilton. Si Tom Mankiewicz et Richard Maibaum avaient mis plus de sérieux dans l'écriture, le duel si prometteur entre l'agent britannique et son bizarro Francis Scaramanga aurait pu assurer à ce neuvième épisode une place de choix dans la mythologie bondienne.
Pourtant il faut se rendre à l'évidence. The Man with the Golden Gun, en dépit d'un charme désuet indéniable, a plutôt salement vieilli. Hamilton semble à court d'inspiration et livre une fournée extrêmement hétérogène, un comble car pour une fois Bond passe la majorité du film dans la même zone géographique. Mais si certaines scènes se suivent sans déplaisir (l'intro chez Scaramanga, la course-poursuite au volant de l'AMC Hornet...), d'autres semblent presque sortir d'un quelconque nanar philippin, comme la séquence d'arts martiaux - consternante ou hilarante, c'est selon.
De façon générale, cet opus accuse certaines des lacunes de son prédécesseur, Live and let die, notamment un rythme totalement anarchique et des scènes d'action inutilement étirées à leur maximum. Je ne comprendrai jamais cette obsession de faire durer les Bond au minimum 120 minutes, alors qu'un montage plus resserré pourrait les faire gagner en densité et donc en qualité. On retrouve également le même humour gras gênant, inoffensif quand il s'agit de faire revenir le personnage du shérif louisianais (à la demande pas si générale) ou de faire souffrir l'entrejambe d'un sumo, mais carrément de mauvais goût quand il se complait à rabaisser les femmes, les nains et les noms asiatiques (Hey Fat, Chew Mee, sérieusement ?).
A ce propos, on trouve ici sans doute les personnages féminins les plus insignifiants de la saga. Les auteurs ne se sont pas embarrassés de psychologie, réduisant les Bond girls à des stéréotypes nymphomanes voire carrément cruches. A leur décharge, Bond lui-même n'est pas tellement mieux servi, s'abaissant désormais à gifler des femmes et à balancer des gosses à la flotte. Et puis merde, il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi les dirigeants du MI6 s'évertuent à assigner des mannequins suédois comme agents de contact pour leur espion le plus érotomane.
Bref, tout cela nous amène au fameux affrontement entre Bond et son nemesis, et en guise de climax on a droit à une bonne débandade puisque Scaramanga crève comme une merde grâce à une pirouette totalement improbable. C'était bien la peine de faire monter la sauce pour ça.
Bon cela dit, The Man with the Golden Gun reste un Bond plaisant (il y a eu bien pire), sauvé entre autres par la présence de Christopher Lee. Malheureusement il souffre d'un manque criant d'ambitions et se repose paresseusement sur les acquis de la franchise. Surtout, il manque la scène montrant comment Bond récupère la balle en or qu'il a avalée à Beyrouth (bah oui, si vous voulez faire de l'humour gras, allez-y à fond).