Je n’ai pas franchement apprécié les 8 premiers opus de la saga, mais pour la première fois j’ai passé un bon moment devant un James Bond. Il faut dire que L’Homme au pistolet d’or est l’un des rares films de la franchise que j’ai vus lorsque j’étais enfant, et peut-être qu’inconsciemment j'attendais de retrouver dans les autres films tous les éléments de celui-ci, considérant, sans doute à tort, qu'ils constituent tout ce qui doit faire un bon James Bond. Car je trouve l’intrigue, l’action, le rythme et le contexte de ce neuvième film plus précis et plus spectaculaire que d’ordinaire. En tout cas, ces qualités ont fait que je ne me suis pas trop ennuyé (pour une fois).
Une chose est sûre pour moi, je préfère la performance de Roger Moore à celle de Sean Connery. Aussi c’est la deuxième fois qu’il incarne James Bond, et mon sentiment est confirmé. Je le trouve plus class que la figure originelle. Si le comportement de l'agent secret est toujours aussi déplacé avec la gent féminine, cela se traduit désormais de façon plus subtile, et non plus avec des remarques sexistes et déplacés. Aussi la scène ou Bond s’apprête a faire l’amour avec une magnifique blonde mais qu'il la met finalement dans le placard parce qu’il reçoit la visite d’une autre femme, témoigne du tempérament sulfureux du personnage, sans toutefois dénigrer les femmes, comme cela était le cas dans les premiers films en raison de remarques idiotes. En ce qui me concerne, je préfère cette approche plus nuancée de la personnalité de Bond, qui se traduit dans l'action et non dans la vulgarité.
Ce film est au-dessus du lot, ne serait-ce que pour la présence de l’excellent Christopher Lee, qui est un méchant gentleman, des plus satisfaisants. Je ne peux que souligner aussi la présence du français Hervé Villechaize dans le rôle de Tric-Trac. Le personnage m’avait fait une forte impression lorsque j’avais vu le film dans le passé. Son côté involontairement comique et la voix ridicule dont les auteurs l’ont affublé n’y sont pas pour rien. Aviez-vous déjà remarqué qu’il s’agit de la voix du lapin blanc dans Alice au Pays des merveilles ? Un choix qui soulève un autre point dont je voudrais vous parler. Une habitude que l’on retrouve très souvent dans le cinéma des années 70. Je ne sais pas si c’est une déformation française, lors du doublage, ou si dans les films de cette époque en version originale c’est également le cas, mais dès qu’il y a, à l'écran, un nain, un noir, un asiatique, ou qui que ce soit qui sort des standards du bon blanc civilisé et bien battit de l’époque, il faut qu’il soit automatiquement affublé d’une voix pathétique. Je dois dire que c’est une habitude qui me gave, et qui me saute aux yeux maintenant que je visionne les films les plus notables des années 70. C’est tellement ridicule, et ça m'exaspère énormément.
Au-delà de ces maladresses, que l’on doit à une époque révolue, le film démontre une grande capacité à divertir, avec quelques trouvailles sympathiques, et un schéma narratif que je trouve plus abouti qu’auparavant. Si ce n’est pas un chef d’œuvre, cet Homme au pistolet d’or est en tout cas le James Bond que je préfère jusqu’à maintenant (j’attends de voir les prochains films pour préciser ce sentiment). J’ai adoré cette enquête pour son exotisme, sa dimension d’aventure, malgré quelques faiblesses parfois dans le rythme, moins problématique toutefois que dans les films précédents.
J'ai apprécié cet opus, mais il ne mérite pas, à mon sens, plus de six étoiles.