Les deux meilleurs moments du film : le premier plan et le dernier. Le premier : l'écran est coupé en deux à la verticale, d'un côté noir, de l'autre blanc. On croit à un carton de générique, mais soudain des coups résonnent. Et le mur se délite, des deux côtés de la verticale, un champ/contre-champ en split screen. Le dernier : la fenêtre de discorde est refermée par un ouvrier de l'autre côté du mur. Trois briques et c'est le noir total (presque Tsai Ming-Liangien).
Entre les deux ? Un scénario qui prend les clichés à contre-pied : autour du percement de cette fenêtre, Leandro le bobo se révèle un lâche et un salaud, et Victor le beauf un brave type. Un décor fascinant : la maison Curutchet, seul édifice de Le Corbusier en Amérique Latine. Que régulièrement des touristes essayent de visiter comme autant d'intrus qui s'imposent dans l'intimité du personnage principal, huile sur le feu de la discorde.
Mais c'est terriblement frustrant car tout ça manque cruellement de mise en scène. Le cadre toujours morcelé, souvent en légère contre-plongée veut sans doute traduire le malaise du héros, mais il n'est qu'agaçant. On regrette de ne pas voir mieux la maison, et tout ça est bien, bien trop long (même en ayant dormi un peu).
Un bon truc, la fenêtre comme écran de cinéma : Victor distrait la fille de Leandro en mettant en scène dans la fenêtre une petite boite en carton dans laquelle dansent ses doigts chaussés de mini-santiags. C'est à voir.