"The tall T" commence comme une comédie ou une chronique de l'Ouest. Nous sommes toujours au Nouveau Mexique, où Pat Brennan a abandonné son boulot de chef de conducteur de troupeaux pour s'acheter une petite ferme. Frank passe au relais de diligence du coin, puis chez son ancien employeur. Venu pour y acheter un taureau, il perd son cheval dans un pari stupide. Rentrant à pied, il est pris par la diligence où sont montés M. Mils, comptable de la principale société de cuivre de la région et heureux homme, qui vient d'épouser l'héritière de ladite mine.
Nos personnages sont arrêtés au relais par trois hors-la-loi : Billy Jack, un jeune dur ; The Chink, tueur froid as au tir ; leur chef, Frank Usher. Plutôt que d'être tué, Mils propose à Usher de demander une rançon pour sa femme. Usher tient captif la femme et Pat, tandis que Mils va déposer la demande de rançon. Les prisonniers apprennent à connaître leurs ravisseurs. Evidemment, ça se finit par des morts...
Le film commence sur un ton léger (Scott plongeant dans un abreuvoir pour éviter un taureau) et devient peu à peu un thriller psychologique. On sent la touche d'Elmore Leonard au scénario : Pat attend son heure, en essayant comme il peut de sauver sa dignité, à la différence de Mils, qui se révèle prêt à abandonner sa femme.
Je me méfie toujours beaucoup de la psychologie dans le western, mais ici ça passe, car il y a beaucoup d'ambiguïté. Le personnage de Frank Usher est profondément touchant : il apprécie Pat, qu'il a pris en otage, bien plus que ses acolytes. Il rêve d'une autre vie, où il n'aurait pas abandonné sa dignité, mais ne connaît plus que la violence. Alors qu'il peut partir, il meurt par orgueil plutôt que par appât du gain. Les personnages sont fouillés, et assez torturés, à l'image de Maureen O'Sullivan, qui avoue savoir que son mari ne l'aimait que pour l'argent. Beau choix d'actrice, car si dans les deux premiers tiers du film, elle prend l'aspect d'une vieille dame, au contact des circonstances, elle va retrouver une féminité épanouie.
La violence est virile et sèche dans ce film, plus que dans les autres où elle était assez esthétisée. Ce n'est clairement pas mon préféré, peut-être car il est moins dense, moins riche en retournements de situation. Ici, c'est plutôt la richesse des personnages qui l'emporte sur l'intensité dramatique.