« L’homme de l’ouest » clôture un cycle de quatre films commencé avec « The Man from Laramie » (L’Homme de la plaine), puis « Man in War » (Côte 465) et « God’s Little Acre » (Le petit arpent du Bon Dieu), dont la linéarité marquée devient de plus en plus étouffante, jusqu’à tourner au huis clos au fur et à mesure que le cinéaste tend vers l’épure. Ainsi la séquence initiale dans le train sert uniquement à camper trois personnages dans des archè types derrières lesquels il cachent leur vrai personnalité. Ainsi Link Jones (Gary Cooper) n’a pas toujours été ce citoyen respectable, qui part chercher pour la petite ville où il réside une institutrice. Ce que n’est pas Billie Ellis (Julie London), chanteuse affable au cœur sec, et le très bavard voyageur de commerce (Arthur O’connell) est en réalité un joueur profesionnel. Ainsi tout le cheminement reposera sur des illusions. Ce n’est pas par hasard que leur pas les conduirons vers la ferme des braqueurs du train puisque leur chef (Lee J. Cobb) est l’oncle de Link. Et il croit au retour du fils prodigue… Trajectoire rectiligne camouflée : Link ne pense qu’a récupérer l’argent qui lui a été confié et que la bande lui a dérobé. Gary Cooper interprète magnifiquement cet homme fatigué dont la violence enfouie ressurgit, dans une situation qui le lasse d’autant plus qu’il pensait ce passé révolu à jamais. Face à lui son oncle à moitié fou, désabusé et sanguinaire, semble retrouver une nouvelle jeunesse qui le mènera tout droit vers une tragédie en forme de suicide. Plus le cinéma du réalisateur se dépouille, plus il devient violent sur le plan psychologique, mais aussi sur celui du physique. Ainsi au strip-tease contraint de Julie London (qui par un effet de champ contre champ mène le voyeurisme à un tel paroxysme que lorsqu’elle retire son corsage elle est comme nue) répond le strip-tease forcé de Jack Lord suite à une bagarre d’une violence extrême. La séquence dans la ville fantôme offre la brutalité et la sécheresse du chambara (qui inspirera Leone plus tard). Ce ton et ce style inhabituels à l’époque (1958) s’accompagnent de trouvailles visuelles. Ainsi, à l’égal de Fritz Lang qui dans ses films noirs, comme par exemple « La femme au portrait », Mann remplace le champ contre champ (sauf dans l’effeuillage pour des raisons expliquées plus haut) par un travelling qui correspond davantage à la vision logique de chacun, plutôt que celle d’un spectateur d’une partie de tennis dont la nuque devient douloureuse. Et comme Lang dans « Moonfleet » il l’utilise également en extérieur. Encore plus innovant, un an avant John Surges (Le dernier train de Gun Hill) il ramène le gunfight dans un même plan. Du point de vue du récit, la fin est tout aussi étonnante avec la force morale de l’indifférente Billie, violée et face à un premier amour impossible, trouve le bonheur dans la découverte de ce sentiment jusqu’alors inconnu. Western important qui ouvre le style crépusculaire du genre.

Ronny1
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le 19 août 2022

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