Pauvre professeur
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le 16 oct. 2021
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Dommage ça démarrait pourtant bien. Les premières scènes de l’Homme de la Cave ou l’on fait connaissance avec les personnages, par le biais d’une banale transaction immobilière, sont en effet plutôt réussies. Et pendant un gros quart d’heure on a l’impression de vivre une sorte de remise au goût du jour d’un vieux genre de thriller en vogue pendant les années 80 et 90 : celui ou un élément extérieur malsain menace la gentille famille bourgeoise. On pense à Obsession fatale ou Les Nerfs à vifs de Scorsese parmi les plus connus. Le fait que ce soit un film français le rend finalement encore plus intriguant, d’autant plus que les comédiens talentueux ont le potentiel pour incarner ce genre de situations et que la réalisation semble plutôt tendue et fluide.
L’Homme de la cave ,dans sa première demi-heure, n'est pas sans rappeler Fenêtre sur pacifique ,excellent thriller de 1991 dont la trame est au départ très proche. Dans le film de John Schlesinger, un homme soi-disant d’affaires, interprété par Michael Keaton gagne petit à petit la confiance d’un couple de propriétaires qui finissent par lui louer l’un des appartements de leur immeuble. Il s’y installe puis révèle petit à petit sa vraie nature malveillante.
Mais la grosse différence ici c’est que le « méchant » en question n’est pas un psychopathe mais un négationniste et ça change tout ou plutôt ça complique tout. Car à partir du moment où la question du négationnisme est abordée on a soudain l’impression de se retrouver avec deux films en un qui ont un mal fou à s’emboîter harmonieusement.
D’un côté on a toujours le thriller, qui au lieu de culminer vers des sommets de peur, comme les modèles dont il s’inspire, se met sérieusement à zigzaguer en faisant du surplace.
De l’autre on a une sorte d’introspection familiale qui vire au catharsis collectif autour de la question des origines et du sentiment de judaïcité. C’est fort intéressant mais aurait presque mérité un récit à part entière.
L’interface entre les deux c’est évidemment ce personnage de prof radié négationniste et semi-clochard auquel on ne croit pas un seul instant, tant il est montré comme une sorte de cafard qui inspire physiquement le dégoût et se complaît dans le harcèlement. François Cluzet a beau lui prêter tout son talent et il n’en manque pas, ce n’est juste pas crédible une seule seconde.
Car sans être expert en la matière, il semble raisonnable d’affirmer qu’en 2021 un négationniste c’est plutôt quelqu’un qui distille sa haine sur le Darknet tout en étant parfaitement capable de se donner des airs respectables (ou du moins insoupçonnables) dans la vie de tous les jours. C’est un peu comme vouloir représenter un tueur en série ou un psychopathe sous une apparence laide et monstrueuse, alors qu’on ne sait que trop bien à quel point ils ressemblent hélas à monsieur tout le monde.
En résumé si les gens avaient le physique de leurs idées ça se saurait. Et tout serait évidemment beaucoup plus simple. Le film n’arrive jamais à surmonter cette contradiction et se termine logiquement, après beaucoup de confusion et de répétitions, en queue de poisson.
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le 14 oct. 2021
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