Encore un titre français un peu ridicule, alors que le titre original qui évoque un cheval appaloosa, aurait pu être conservé, car il est l'enjeu de ce western très méconnu voire quasi oublié, en fait c'est un prétexte pour une intrigue assez classique mais qui affiche un style atypique grâce à sa mise en scène.
Venu de la télévision canadienne, le réalisateur Sidney J. Furie s'est fait une réputation de brillant technicien avec ses angles insolites, ses gros plans et ses cadrages étranges et inattendus ; il s'est fait véritablement connaître en Angleterre en 1965 avec le film d'espionnage Ipcress danger immédiat où Michael Caine incarnait un espion anti formaliste, en imposant sa technique bizarre de plans étonnants. L'Homme de la sierra est son premier film américain tourné l'année suivante, et là aussi, il insère des plans insolites qui sauvent peut-être ce western qui serait resté assez conventionnel.
Sobre, sans esbroufe, et sans grandes scènes d'action, le film se révèle inégal, avec des moments un peu creux et d'autres très marquants comme cette scène avec des scorpions. On sent percer un style "spaghetti", le ton est volontairement lent et peut surprendre les habitués de westerns remuants, car Furie s'intéresse autant aux personnages qu'à l'aventure qui est contée. Malgré ou à cause de tout ça, c'est peut-être le meilleur film de ce réalisateur.
D'autre part, ce petit manque de rythme est sans doute accentué par Marlon Brando, peut-être est-ce dû encore à ses engueulades avec Furie sur le plateau, d'où un rôle d'anti-héros assez passif qui est proche de celui qu'il incarnait dans la Vengeance aux deux visages ; bref, il ne se foule pas trop, il se fait même voler la vedette par l'excellent John Saxon qui s'est fait une tête de redoutable bandit mexicain, sans oublier la présence de la jolie Anjanette Comer. Au final, c'est un western atypique mais qui mérite l'attention.