Encore une fois, les distributeurs français ont frappé : du titre original "the Appaloosa" qui concerne un type de cheval indien réputé et qui est l'enjeu du film, on passe à "l'homme de la sierra" qui inscrit le western dans une logique "l'homme du Kentucky, l'homme de l'Ouest, l'homme de la plaine", peut-être plus vendeuse en France mais qui n' a pas grande signification et surtout beaucoup moins d'allure.
Donc "The Appaloosa" est un western réalisé en 1966 par Sidney J Furie, que j'aurais, peut-être à tort, plutôt classé dans les réalisateurs de polars ou de films de guerre ("Chantage au meurtre", "Iron Eagle", "les boys de la compagnie G").
Une chose me semble sûre, c'est qu'en 1966, Furie s'inspire un peu des techniques westerns italiens avec un rythme très ralenti, des cadrages de visage particuliers, des très gros plans sur un œil ou une bouche, des positions de caméras au ras du sol créant des effets de contre-plongée...
Mais, heureusement, les personnages restent des personnages classiques des westerns classiques dans une histoire classique.
En effet, l'histoire raconte l'itinéraire d'un cow-boy à qui un bandit mexicain vole un cheval, le fameux appaloosa, sur qui il comptait pour monter un ranch avec sa famille plutôt modeste. Ce cow-boy va partir retrouver ces bandits de façon à récupérer le cheval.
On ne verra donc pas des tueurs sadiques pour le plaisir, se délecter à tuer (et éventuellement être tués) d'autres tueurs pas plus recommandables. Avec des effets collatéraux parce que sinon, ça ne serait pas drôle.
On verra plutôt un Marlon Brando fatigué par une vie antérieure dangereuse (la guerre) vouloir se poser et créer quelque chose en famille puis devoir repartir, encore une fois, pour lutter contre ces mexicains qui lui ont piqué son cheval.
L'évolution du personnage tout au long du film est intéressante et se traduit dans le look et le comportement. Au début, il est barbu, sent le bouc, a une tenue plus que minable avec un petit chapeau ridicule, puis comme si l'habit doit faire le moine, pour partir vers les mexicains, il est propre et rasé, a un élégant poncho, des vêtements de qualité et surtout un immense chapeau capable de rivaliser avec les chapeaux des mexicains...
Le bandit mexicain est joué par John Saxon, c'est le méchant de service, plus macho tu meurs, qui a une haine inscrite dans les gènes vis-à-vis des gringos.
Il y en a un autre qui est pas mal dans le genre et qui me semble encore plus connu, c'est Emilio Fernandez, l'archétype du bandit mexicain rigolard mais méchant.
Et pour la bonne bouche, je vais terminer par les deux splendides femmes du film , splendidement mises en scène.
Miriam Colon dont le personnage est la belle-sœur du personnage de Brando. C'est l'image de la stabilité familiale (avec une ribambelle d'enfants bien élevés). Une très belle scène à contre-jour entre elle et Marlon Brando cherchant à le dissuader de partir pour ce voyage hasardeux vers les bandits mexicains. Le temps de cette scène, Marlon Brando met symboliquement la veste du père (qui est mort depuis longtemps) parce que cette veste respire l'autorité et le sagesse.
Anjanette Corner, très belle, qui joue l'épouse du bandit mexicain ou devrais-je dire, le jouet sexuel du bandit mexicain. Elle le hait et sait qu'il la rejettera vers ses pistoleros dès qu'il en sera lassé. Elle profitera de la venue de Brando pour s'enfuir. Elle est magnifiquement mise en scène et je pense, entre autres, à la scène où elle se détache avec une lumineuse robe rouge sur un ciel très nuageux.
Au final, c'est un western un peu déstabilisant du fait du jeu de Marlon Brando, taciturne, nonchalant. Son jeu rappelle celui de la "vengeance aux deux visages". On se demande bien un peu où les techniques inspirées des westerns spaghettis vont mener le spectateur. Et puis, non, l'histoire est belle et bien mise en scène. Les acteurs sont bons.
Que veut-on de plus ?