Il y a deux films dans le même, un très bon, à mon goût, et un autre, plus traînant, moins agréable.
Le premier, donc, celui qui m'a beaucoup plu, c'est notre trame principale, l'héroïne réalise un film de fin d'étude, le sujet. Il y a une pure ambiance seventies, et une héroïne vraiment trop classe - et pas si belle -, elle tourne un reportage sur Mateusz Birkut, ouvrier de choc qui avec son équipe monta un mur de 30 000 briques en 8 heures. Notre réalisatrice - ces jambes immenses, son écharpe bleue qui tombe le long de son corps si maigre - et son équipe - l'excellent papy qui tient la caméra et son ingénieux ingénieur du son - remontent la trace de notre légende polonaise. Rapidement, les premières traces du passé resurgissent des années 50 polonaise, des images d'informations d'époques, des bouts de films oubliés ou jamais acceptés par la censure, et cette statue de marbre blanc remisée à l'arrière boutique d'un musée... Étrange héros que notre Mateusz, victime peut-être ? Allez savoir. Sa disparition soudaine de la vie publique s'accompagne d'une bande, sans son : son portrait géant d'ouvrier adoré décroché dans l'anonymat du petit matin.
Le deuxième film, qui croise sans cesse le premier jusqu'à l'écraser - presque -, c'est Mateusz ; plutôt que des récits, Wajda a opté pour une reconstitution des scènes importantes, et ça c'est pas génial. Fini les seventies, les pattes d'eph' et le bus Volkswagen, ici, c'est les années 50, la boue et les briques, toujours les briques, et c'est un peu long, l'acteur n'est pas très convaincant il faut dire, et c'est dommage. Même si ça tout ça se tient vraiment très bien. J'hésite à mettre 7 à cause de ça.
Evidemment, c'est surtout un film sur le passé, son contrôle, la censure et tout ça ; et quand on voit ce film, qui y va un peu fort avec le régime, celui d'il y a vingt ans comme celui actuel -actuel.. actuel.. 1976, quoi ! - ; le film est sans concession, et pourtant, allez savoir, il a trouvé sa place sur l'écran, c'est produit, et réalisé là-bas, et c'est assez beau, et je me demande, du coup, la guerre froide, était-ce si terrible ? Le bloc rouge était-il "si pire" pour laisser passer un film comme ça ? Intrigant. (Et Senscritchaïev l'explique mieux que moi, en bas, 20 ans à réaliser un film, à le sortir, ça ne réhabilite pas vraiment Staline et Jaruzelski !)