Piégé par un mariage arrangé et une femme qu'il n'aime pas, un homme décide de simuler sa propre mort, par noyade, et de vivre une nouvelle vie.
Je suis content d'avoir vu ce film, non seulement grâce à ses qualités intrinsèques, mais aussi parce que ce fut l'occasion de découvrir le cinéma de Pierre Chenal, admiré par exemple par Bertrand Tavernier (et qui figure dans son documentaire sur le cinéma français).
L'homme de nulle part est l'adaptation d'un roman de Pirandello, plus resserré, qui raconte ce qu'est de vivre sans son identité d'origine tout en voulant s'en créer une nouvelle. Il commence à faire fortune en jouant au casino, puis va vivre dans un hôtel où il commence à semer le doute, car il ne reçoit jamais aucun courrier ni appel. Et je dois dire que, malgré un jeu théâtral, Pierre Blanchar est étonnant en jouant en quelque sorte un double rôle, et même une autre personnalité, tout d'abord en se rasant la barbe, puis en devenant davantage sûr de lui. Le bel homme ténébreux qui ne manquera pas de plaire à Isa Miranda, mais susciter l'interrogation autour de lui.
Bien que le film soit tiré d'un roman, la mise en scène se veut également proche du théatre, avec un tournage en grande partie dans des studios, et des acteurs qui semblent plus déclamer leurs paroles que de réellement s'exprimer. Mais j'ai été saisi par cette histoire, plus cartésienne qu'il n'y parait, car passer pour mort exige des complications administratives, et même la fin que je craignais moralisatrice se permet une pirouette finale de bon aloi.
De quoi me conforter dans cette belle découverte qu'est le cinéma de Pierre Chenal.